Aller au contenu

Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

— Soit, dit l’avare en hochant la tête.

— Dès ce soir, je vous laisse la merveilleuse tunique, et j’emmène Fleur-de-Roseau.

— Non, non, dit San-Ko-Tcheou repris par un doute, je veux, avant de conclure le marché, faire subir à cette tunique une petite épreuve. »

Tous les convives échangèrent un regard inquiet, mais Cœur-de-Rubis, bien que plein d’anxiété, fit bonne contenance.

— « Fais ce qu’il te plaira, mon oncle, dit-il.

— Voici : tu passeras la nuit sous mon toit, dans cette salle où tu me permettras de t’enfermer. Lorsque les réchauds sont éteints, et que le matin approche, il y fait un froid si extrême, que le vin de riz gèle dans les gourdes. Tu coucheras là, sur le banc d’honneur, sans couvertures ni coussins. Si demain matin tu n’es pas mort de froid, je t’achète ton manteau en toute confiance. »

Le jeune homme, dont le cœur brûlait d’amour, se sentait capable d’affronter un froid polaire ; ce fut pourtant avec un léger tremblement dans la voix qu’il répondit :

— « C’est bien, mon oncle, je suis à vos ordres. »

Les amis de Cœur-de-Rubis retardèrent le plus