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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/292

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LE FRUIT DÉFENDU.

le plan diminué des jardins impériaux de la ville défendue.

Les voix qui s’étaient éloignées un instant se rapprochèrent de nouveau ; le libraire vit apparaître une jeune fille qui marchait avec peine, les bras étendus pour ne pas perdre l’équilibre, et se divertissait à jeter en l’air du bout de son petit pied, un grand volant qu’elle ne laissait jamais retomber à terre. Elle portait une double robe de damas vert clair, brodé d’or, et, en jouant, elle laissait voir quelquefois un pantalon de satin rose. Son visage était fardé avec soin ; des perles et des fleurs se mêlaient aux trois nattes qui pendaient, l’une sur son dos, les deux autres sur sa poitrine. Une petite servante la suivait, portant un parasol. Les deux jeunes filles riaient ensemble, avec familiarité, des évolutions du volant ; mais tout à coup leur gaieté se changea en un grand chagrin : le volant était tombé dans l’un des petits lacs artificiels.

— « Oh ! oh ! A-Tei, s’écria la jeune maîtresse en voyant le volant dans l’eau, ma mère s’apercevra que nous sommes sorties de notre jardin réservé. Tu es une méchante de m’avoir entraînée par ici. »