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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/303

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LE FRUIT DÉFENDU.

— Très souvent.

— Ah ! cher père ! dit-elle en le câlinant, tu ne peux cependant pas laisser tuer un homme qui t’a fait rire.

— C’est toi qui as ri.

— Toi aussi, père, et tu ris même encore malgré tes efforts pour te retenir ; et puis voudrais-tu faire mourir A-Tei de chagrin ?

— C’est vrai que je mourrai s’il meurt ! s’écria la servante en éclatant en sanglots.

— La loi s’inquiète bien d’A-Tei, dit le gouverneur.

— Mais, ici, à Canton, la loi c’est toi, dit Princesse-Blanche. Je n’aurais jamais cru ton cœur aussi dur, ajouta-t-elle en faisant la moue, et je vais de ce pas me jeter dans le lac : je ne pourrai pas vivre avec l’idée que j’ai ri d’un homme qu’on a tué à coups de bâton.

— Mais, vilaine enfant, tu sais bien que la grâce d’un criminel ne dépend pas de moi seul, dit le gouverneur.

— Bon ! bon ! nous savons bien que le Vice-Roi fait tout ce que tu veux.

— Eh bien, nous verrons, dit Tchin-Tchan en souriant.