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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/45

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ISOLINE

— Tirez-les de là, » grommelait Gilbert.

Cependant on parla des Grandmanoirs qui, pour Pâques, avaient offert à l’église une nappe d’autel, qu’on disait très belle.

— « Y a-t-il beaucoup de familles nobles dans les châteaux des environs ? » demanda alors le marin.

On lui cita les d’Argentier, au château du Mottay, à Pontcadeux, les Roger de Linc, d’autres qui habitaient constamment leur domaine ou ne venaient que pendant l’été.

— « Le château de la Conninais est désert ? »

Et il eut un battement de cœur lorsqu’on nomma Mlle de Kerdréol.

— « C’est tout comme s’il n’y avait personne. »

Il y eut un silence.

— Vous touchez à une des questions qui intriguent le plus la ville, dit enfin Virginie Taffatz.

— On n’a jamais rien vu de pareil, continua la mairesse : une jeune fille qui depuis son enfance vit toute seule, comme une pestiférée.

— Mystère ! soupira Sylvie.

— S’il n’y avait pas là une jeune fille, je dirais bien mon idée, grommela de sa voix profonde M. Aubrée, qui faisait un écarté avec Mlle Taffatz.