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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/61

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ISOLINE

Pendant sa convalescence, elle était devenue complètement sauvage, s’enfermant dans un silence opiniâtre. Le père Coüée n’était pas méchant et il se faisait très doux ; il venait chaque après-midi, s’asseyait et parlait longuement, sans exiger ni attention ni réponse. Ces paroles onctueuses finirent par la rassurer et, un jour, brusquement, elle se tourna vers lui.

— « Où est Marie ? lui dit-elle.

— Dans le ciel, répondit le prêtre.

— Allez me la chercher. »

Alors il entrevit un moyen d’avoir raison de son élève rétive ; sans savoir ce qu’était Marie, il lui promit qu’elle la verrait quand elle saurait lire parfaitement.

Isoline prit une colère terrible, trépigna et hurla ; mais, le lendemain, elle demanda au père Coüée si c’était long d’apprendre à lire.

— « Cela dépendra de vous. »

Marie lui avait déjà appris en cachette les lettres de l’alphabet, la mémoire lui en revint bien vite et le père Coüée fut stupéfait de la facilité que montrait la petite solitaire.

Elle se plia à l’étude avec une étonnante sou-