Aller au contenu

Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
ISOLINE

Elle se détachait clairement sur la mousse brune formée par la suie. Sa robe gris clair en drap fin était relevée de côté par une corde de soie, ses cheveux pendaient en deux longues nattes sur sa poitrine et un petit bonnet de velours gris, gracieusement échancré, serrait le sommet de sa tête ; un voile léger d’un bleu doux y était attaché.

Le jeune homme, après s’être découvert, n’osait avancer, craignant de faire envoler l’oiseau farouche ; mais Isoline ne bougeait pas, elle dardait sur lui son regard hautain qui peu à peu cependant s’adoucit et se voila.

— « Venez, dit-elle : Marie va rentrer. »

Il s’assit à quelques pas d’elle et, tandis qu’elle baissait les yeux vers les cendres froides, il savoura enfin la joie de la regarder à son aise. Le visage était long, d’une pâleur d’hostie, le menton très fin, le nez légèrement courbé ; les sourcils, souvent froncés, marquaient un léger pli au-dessus des yeux ; les coins de la bouche avaient une inflexion douloureuse que le sourire, rare et fugitif, n’effaçait pas ; les cheveux, blond doré, ondoyaient : de toute sa personne émanait comme un parfum de pureté et de noblesse, une grâce mystique, mystérieuse.