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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/76

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ISOLINE

dont elle sortit bientôt pour lui jeter cette phrase, avec un sourire.

« Voulez-vous aimer le printemps avec moi ? »

Il la regarda un instant sans répondre.

— Je veux tout ce que vous voudrez, » dit-il enfin, balbutiant d’émotion et ne comprenant pas le sens de la question.

Isoline se mit à rire de son trouble.

Marie rentra ; la jeune fille l’attira près d’elle par des caresses enfantines.

— « Écoute, dit-elle, voici un marin, très effrayé : il me croit folle !

— Que lui as-tu fait, méchante ? C’est un noble cœur qui ne mérite pas ton mépris.

— Je lui offrais d’être comme mon frère, dit Isoline redevenue sérieuse, et de célébrer avec moi la fête qui va commencer.

— La fête ?

— Vous ne connaissez donc pas notre Bretagne et les splendeurs de son printemps ? Il n’y a ni carrousels ni tournois qui vaillent ces fêtes-là. Je les ai parcourues bien souvent, toute seule, fouillant les jardins enchantés, oubliant mes misères au milieu de ces richesses.