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Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/44

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GÉRARD DE NERVAL.

vail. Il était juste aussi riche ou, si l’on veut, aussi pauvre que nous. Il fit même, vers ce temps-là, un petit héritage d’une quarantaine de mille francs qui dora les commencements de sa carrière, et lui permit l’accomplissement de quelque fantaisie, par exemple la fondation d’un journal, le Monde théâtral, dont le but était de faire valoir une actrice dans laquelle il croyait avoir trouvé la réalisation de son idéal. Au reste, l’argent était son moindre souci. Jamais l’amour de l’or, qui cause aujourd’hui tant de fièvres malsaines, ne troubla cette âme pure et vraiment antique. La richesse lui semblait un embarras, et, comme Diogène voyant un jeune berger puiser de l’eau dans sa main, il eût volontiers rejeté sa coupe inutile. Mais ne croyez pas, d’après cela, à un bohème, à un cynique ; personne n’eut des manières plus