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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/148

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■130 GAZETTE DES BEAUX-ARTS X Le Maître de Moulins, quel qu’il soit, n’est pas le seul, sans doute, qui ait défendu et développé, avec talent, la tradition natio¬ nale durant cette période de transition, si féconde, mais si mal connue encore, qui comprend une quarantaine d’années, depuis la mort de Louis XI jusqu’au retour de la captivité de Madrid et l’ar¬ rivée en France des artistes italiens appelés par François 1er. Les innombrables verrières de ce temps qui subsistent dans nos églises, les tapisseries, assez nombreuses aussi, dispersées par le monde, datant des règnes de Charles VIII, Louis XII et du jeune Fran¬ çois Ier, nous prouveraient, à défaut de panneaux et de toiles, la valeur des peintres qui savaient encore l’art de développer, par le dessin et la couleur, des compositions religieuses, historiques, allégoriques, décoratives, presque toujours accompagnées de por¬ traits. Quelques belles tapisseries prêtées à l’Exposition par le musée des Gobelins (Berger et Bergère, Le Miracle du Lan dit, L'Idole, Le Concert), la cathédrale d’Angers (Anges portant les instruments de la Passion, délicieux morceau déjà admiré en 1900 au Petit Palais1, Dame jouant de Lorgne, Marguerite dJArmagnac?, et Seigneur chantant, Pierre de Rohan?, L'Amazone Penthésilëe, Légende de saint Saturnin), l’église Saint-Remy de Reims (Légendes de saint Remy et de saint Guénébault, cinq pièces), l’église de la Chaise-Dieu (.Résurrection du Christ), et par. divers collectionneurs : le baron de Schickler (Portrait de Charles VIII à cheval), M. Martin Le Roy [Hercule entre le Vice et la Vertu), suffisent à nous prouver la liberté et la variété avec lesquelles nos peintres de cartons se trans¬ formaient sous les influences nouvelles, sans y perdre leurs tradi¬ tionnelles vertus de sincérité dans l’émotion, de franchise dans l’observation, de naturel et de simplicité dans l’imagination, même lorsque cette imagination s’emplissait de visions mythologiques et païennes. Les verrières, si on en pouvait réunir un suffisant ensemble, soit par des relevés exacts, soit même simplement par de bonnes reproductions photographiques, nous attesteraient une fécon¬ dité peut-être plus prodigieuse encore, dans un champ plus limité, d’inventions grandioses ou ingénieuses, de science plastique et pit¬ toresque, de poésie tragique, narrative, anecdotique, satirique. L’exiguïté des locaux dont ils disposaient, sans parler de l’incer- 1.\tReproduction d’un fragment en tête de cet article.