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16 GAZETTE DES BEAUX-ARTS développements archéologiques dont la place n’est pas ici. Qu’il me suffise, avant de décrire ceux qui sont reproduits dans cet article, d’après les photographies que m’a obligeamment confiées M. Evans, de donner une idée de l’aspect du sanctuaire reconstitué par lui. Au milieu d’une paroi formant le fond s’élève un petit piédestal sur lequel est plantée, adossée au mur, une croix en marbre de cou¬ leur à branches égales, de la forme dite « grecque orthodoxe ». Cette croix a 22 centimètres de haut et seulement 1 centimètre et demi d’épaisseur. À droite et à gauche, sur laparoi, sont accrochées des robes votives en faïence peinte, analogues à celles des statuettes repro¬ duites plus bas, mais offrant, sur le devant, des motifs végétaux et lloraux qui rappellent ceux des « étoffes à fleurs » du xvme siècle. Sur le sol, à gauche de la croix, est posée la déesse aux serpents, couronnée d’une haute tiare; de l’autre côté de la croix sont deux autres figurines, également en faïence, dont les têtes n’ont pas été retrouvées et que M. Evans considère comme des fidèles, des aco¬ lytes ou des donatrices, plutôt que comme des déesses. Ces statuettes sont entourées d’objets votifs; les uns, en faïence, affectent l’aspect de grosses ceintures qui imitent des enroulements de serpents; les autres, en terre cuite, sont de petits pots et des vases; enfin, un très grand nombre de coquilles marines du genre pecten, rehaussées de vives couleurs, forment comme une décoration continue sur le devant de la niche. La faïence dont sont faites les statuettes était certainement fabriquée à Cnosse. M. Evans a découvert des moules en stéatite servant à cet usage dans le palais même. Ainsi les rois-prêtres de Crète ont devancé les monarques modernes en créant des ateliers officiels de céramique; ceux de Sèvres, d’Urbino et de Meissen ont pour prototype lointain la faïencerie du palais de Cnosse. La matière a été analysée par M. le professeur Church ; il y a trouvé de la silice, de la chaux, de la magnésie, de la soude et de la potasse. Le ton bleu verdâtre de la couverte est dû à des oxydes de cuivre. Evidemment c’est la faïence égyptienne qui a servi cle modèle; mais la fabrication des perles en faïence sc constate à Cnosse dès les environs de l’an 2000 et elle s’y est développée indépendam¬ ment pendant plusieurs siècles. Les peintures des figurines de faïence sont brun pourpre et lilas; le fond est généralement bleu ou vert, mais quelquefois aussi — comme dans les parties nues des statuettes — d’un blanc laiteux éclatant. La déesse aux serpents, la seule qui ait conservé sa tête, a 0n,34 de