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178 GAZETTE DES BEAUX-ARTS Mais dans cet ensemble, dont presque toutes les parties, d'ail¬ leurs, prises isolément, méritent l'estime et la sympathie, il est un pur bijou de sculpture incrusté après coup, quoique d'une époque antérieure, comme, sur la robe d’une Sainte Foy à Conques, l'un de ces précieux camées dont la piété des fidèles se plaisait à embellir l’image vénérée; je veux parler de la petite Vierge romane et de l'archivolte qui l’encadre au-dessus de la porte de droite. Tous les historiens de la cathédrale de Reims1 ont noté le caractère relati¬ vement archaïque de ce groupe de sculptures, constaté qu’elles devaient se rattacher à une époque plus ancienne que celle de la construction du transept, et de la porte même où elles sont placées. Mais je demande la permission de me référer exclusivement à M. Louis üemaison — que la sûreté de son information, la par¬ faite connaissance qu’il a de tous les textes, jointe à la rigueur cri¬ tique avec laquelle il sait les manier, placent tout à fait hors de pair — et de citer ici textuellement sa description et son jugement; ce témoignage autorisé formera le meilleur préambule à l'étude que je veux tenter et, résumant ce qui est actuellement acquis sur la question, sera la base solide sur laquelle j’essaierai d’édifier une hypothèse : La cathédrale, ainsi que nous lavons démontré, dit M. Demaîson 2, a été commencée en 1211. Il faut remarquer que les constructeurs de cette époque ont laissé subsister un élément d’une date visiblement antérieure : cette petite baie si curieuse, d’un aspect roman, qui s’ouvre sur le croisillon Nord du transept, à droite de la porte principale, et qui mettait jadis l’église en commu¬ nication avec les bàtirnenLs du cloître. Longtemps cachée par un mur élevé à la suite des démolitions opérées durant la période révolutionnaire, elle vient d’étre dégagée récemment... L’archivolte en plein cintre qui la surmonte est décorée de statuettes d’anges d’une grande finesse d’exécution; les pieds-droits offrent, de face, de charmants rinceaux, et sur leurs faces latérales, des figures de clercs occupés à des fonc¬ tions liturgiques. On voit d’un côté un personnage, évêque ou abbé, tenant une crosse à la main, près d’un auLre lisant dans un livre qu’un clerc lui présente; en regard, c’est encore un clerc qui tient un seau à eau bénite dans lequel l’oflî- 1. Gilbert, Description de la cathédrale de Reims. Paris, 182o,in-8°; —Viollet-lc- üuc, Dictionnaire d’architecture, t. Il, p. 320; —Chanoine Cerf, Histoire et description de la cathédrale de Reims, Reims, in-8o, lSlii; —abbé Tourneur, Description de la cathédrale de Reims. Reims, édition de 1878,in-12; — France artistique et monumen¬ tale, 1.1, p. 2 : La cathédrale de Reims (par Louis Gonse); — Gosset, La cathédrale de Reims, Reims, 1894, in-4o; — Bazin, Reims, ses monuments. Reims, 1900, in-4o. 2. J’emprunte cette citatiou à la brochure : La cathédrale de Reims, ses époques de construction, parue à Caen, chez Delesques, en 1902, in-8o.