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180 GAZETTE DES BEAUX-ARTS chapiteaux h crochets, qui se relient aux autres motifs décoraLifs, mais qui sont d’une époque évidemment postérieure. Tous les éléments de cette baie romane ont été certainement rapportés en cet endroit. « Tous les éléments de cette baie romane ont été rapportés à cet endroit*. » J’ajoute et je voudrais prouver que tous ces éléments sont ceux d’un tombeau arqué de la fin du xuc siècle. Je m’appuie pour cela sur deux ordres de considérations tirés, l’un, de îa forme même et des proportions de ces éléments, l’autre de leur caractère iconographique et j’ai pour terme de comparaison précis un tom¬ beau de la cathédrale de Rouen qui, donné par une tradition erronée comme celui de Maurice, évêque mort en 1235, peut bien avoir abrité les cendres de ce prélat, mais n’a pas été construit pour lui, et, d’après l’avis de Viollet-le-Duc, confirmé par les caractères du monument, ne peut être placé plus tard que la fin du xuc siècle'2. 1. Je rappelle brièvement les plus illustres exemples de ces utilisations de ma¬ tériaux romans dans les édifices gothiques : à N.-D. de Paris, une partie impor¬ tante du portail droit de la façade ouest ; à Bourges, les deux portails latéraux ; au Mans un portail; à Chartres, toute la façade ouest. La ligne de raccordement, bien visible dans notre portail (v. p. précédente), suit, dans la partie supérieure, la corniche sculptée et passe, à droite et à gauche, par le bord extérieur des pilastres; tout ce qui est en dehors du rectangle ainsi délimité date duxm6siècle. Il ne m'a pas été possible de donner ici l'ensemble du portail. La meilleure repro¬ duction qui en existe est dans l’ouvrage cité : Reims, ses monuments. Celle de MM. Gélis-Didot et Laffilée (Histoire de la peinture murale en France, 2e édit., pl. 18) est et a toujours dû être, quant à la polychromie, scandaleusement inexacte. 2. C’est aussi l'opinion des auteurs qui se sont récemment occupés de la ques¬ tion : M. Ledru, dans la belle Monographie de Saint-Julien du Mans, 1900, p. 231, note; et le chanoine Porée, La Statuaire en Normandie, Caen, 1900. L’inscription de ce tombeau ayant disparu et aucun texte ne relatant à quelle place avait été déposé le corps de Maurice, il fallait s'en fier sur ce point à la tradition jusqu’au jour où M. Devilie, au moment de livrer à l’impression son livre : Tombeaux de la cathédrale de Rouen (Houen, 1848), reçut communication d’un manuscrit dont il ne nous donne pas la date, mais où se trouvait la copie de l’inscription attribuant à Maurice ce monument funéraire. La révélation parut décisive à M. Devilie, mais il n’en sera pas de même pour quiconque aura simplement comparé les chapiteaux des piliers de ce tombeau avec n’importe quel chapiteau de l’église construite de 1200 à 123b. Et je ne parle pas du caractère de la statue du gisant ni des arcades en plein cinlre du socle sous lesquelles sont abritées de petites statues d’apôtres malheureusement très mutilées. 11 est certain que ce tombeau est antérieur à l’in¬ cendie de 1200 et a été rapporté après la reconstruction. Parmi les évêques morts à la fin du xne siècle il en est deux : Hugues d’Amiens f 1164 et Rotrou f 1183, sur le lieu de sépulture desquels les textes sont muets. 11 est vrai que M. Devilie, suivi en cela par M. Bouchot (Inventaire de la collection Gai- gnières), toujours sur la foi d’une inscription copiée dans un manuscrit du xvmc siècle, attribue à Rotrou un des deux monuments (aujourd’hui détruits) de la chapelle Saint-Pierre et Saint-PauL Mais Dom Pommeraye,dontla Vie des arche-