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188 GAZETTE DES BEAUX-ARTS aperçus (Tun intérêt passionnant sur ce que fut chez nous révolution du tombeau depuis le sarcophage gallo-romain jusqu’aux mausolées du xvnic siècle. Or, ce précieux recueil nous a conservé le dessin de deux tombeaux d’évêques où les divers éléments étaient groupés comme l'auraient été dans mon esprit ceux du tombeau de Reims. L’époque est plus tardive et le style différent, mais au point de vue de la disposition iconographique les mêmes traditions se perpétuent d’un bout à l’autre du moyen âge. Que voyons-nous donc dans les tombeaux de’ Simon Matifas

  • de Buci (f 1296) à Notre-Dame de Paris* et de Robert, archevêque

de Rouen, à Saint-Père de Chartres2? Dans ces deux exemples, ici peinte3 et là sculptée, la Vierge assise occupe la même place relativement au gisant : elle est placée derrière lui sur le même plan horizontal, au centre de l’enfeu; dans tous les deux, au-dessus du mort est placé le motif des anges psychophores; dans le second, qui offre un terme de comparaison d’une précision vraiment éton¬ nante, ce motif est disposé, comme à Reims, au centre d'une archi¬ volte décorée de figures d'anges, et des évêques occupent à la tète et aux pieds du mort la même place qu’à Reims sur les côtés de l’enfeu. Cette même place par rapport au gisant, nous la voyons encore occupée par des figures de clercs dans le remarquable tombeau peint de Saint-Philibert de Tournus (Saône-et- Loire) quia, sur tant d’autres, l’avantage d’exister encore et où des abbés ni i très et des moines accomplissent autour du mort les mêmes cérémonies litur¬ giques que dans les bas-reliefs de Reims4. Enfin il n’est pas jusqu’aux anges placés à Reims à l’extrados de l’arc qui n’aient autrefois existé à Rouen aussi, dans le tombeau cité, comme en témoignent des traces bien reconnaissables3. 1. J’adopte la date donnée par M. 11. Bouchot (loc.cit.\ Gaignières, P e 9, f°25, n° 4230 do catalogue). Il n’existe plus à Notre-Dame que la statue tombale. 2. Robert, fils de Richard, duc de Normandie (f 1037) mais le tombeau esL de la fin du xme au plus tôt. (Gaignières d’Oxford, calque au Cabinet des estampes. Pe 1 n, f° 48, n° 3 500 du catalogue Bouchot.) Il n’existe plus à Saint-Père de Chartres que l’inscription. 3. Il est extrêmement probable que des peintures occupaient l’enfeu du tom¬ beau de Rouen, et en 1801 le chanoine Cerf voyait encore à Reims des anges ado¬ rateurs peints aux côtés de la Vierge. 4. Relevé de peinture murale, collection des Monuments historiques, biblio¬ thèque du Trocadéro. D’autres tombeaux : celui de Pierre de Navarre, comte de Morlain (-j-1412) aux Chartreux de Paris (Gaignières d’Oxford, Pe 1 ), e L un tombeau de l’abbaye d'Etival {ib'uL, Pe 1 i) présentaient la même disposition. 5. Pour le parti du grand bas-relief occupant la muraille de l’enfeu derrière