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LA. DÉESSE AUX SERPENTS AU PALAIS DE CNOSSE 19 du haut « clochent » beaucoup moins que ceux du bas; les Cnossiens de 1600 avant J.-C. avaient donc, comme les Parisiennes de nos jours, Tidée qu’une robe devait coller sur les hanches et s’évaser dans le bas. La figure ainsi vêtue tenait dans chaque main (celle de gauche manque) un petit serpent. On peut admettre, avec M. Evans, qu’elle représente une acolyte de la déesse ou une fidèle. Le faitde tenir des serpenteaux à bras tendus peut avoir constitué une épreuve religieuse, une initiation magique ayant pour but de transmettre à la « com¬ muniante » quelque chose de la force divine qui était cen¬ sée résider dans le serpent. Le double tablier est un détail de costume nouveau; mais nous connaissions déjà, notamment par la bague en or de Mycènes, ce trait parti¬ culier du costume de gala des dames mycéniennes, qui con¬ siste dans l’échancrure exa¬ gérée du corsage. Cette mode n’a laissé aucune trace dans la Grèce classique, non plus que celle du corset; en re¬ vanche, on connaît de très an¬ ciennes figurines do Perse qui en offrent des exemples et elle est fréquente dans les images des divinités fémini¬ nes de l’Inde. Personne ne.voudra plus aujourd’hui admettre une influence de l’Inde sur la civilisation crétoise et mycénienne ; mais il y a cette raison, et beaucoup d’autres non moins bonnes, pour autoriser l’hypothèse inverse. J’ai essayéde démontrer ailleurs qu’un motif irréel, celui du « galop volant » des quadrupèdes, créé par les artistes mycéniens, a été transmis par eux au monde scythique et a passé lentement, dans sa marche de l’ouest vers l’est, aux arts de la Perse sassanide, de la Chine et du Japon, pour faire re¬ l’acolyte de l a « d é e s s e aux serpents» STATUETTE EN FAÏENCE DÉCOUVERTE A CNOSSE