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210 GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Et maintenant, nous détournant de l’œuvre du sculpteur et de l’orfèvre, passant par la spacieuse loggia avec ses ruines précieuses de la fontaine en marbre de Jacopo délia Quercia, et pénétrant dans la série des salles de peinture, que trouvons-nous de plus digne de l’attention de l’amateur? L’œuvre la plus parfaite peut-être est la petite Madone de Duccio appartenant au comte Gregori Stroganoff (salle XXVII, n°37) qui, toute petite qu’elle soit, offre tant de majesté, de dignité et de profondeur de sentiment. Elle vaut, à elle seule, tous les autres tableaux exposés sous le nom de Duccio. Ils sont, pour la plupart, des travaux d’atelier qui ressemblent à Duccio par la facture et le dessin, mais sans avoir le sentiment subtil de la forme et de la ligne qui lui est propre. Le petit Simone Martini qui se trouve à côté du Duccio est également très tendre et très mignon, mais il est moins bien con¬ servé. Le tableau de Lippo Memmi provenant de l’église San Francisco d’Àsciano, que nous rencontrons ensuite, est aussi une œuvre authentique et de mérite, quoique attribuée à Sano di Pietro. Parmi les meilleurs Primitifs se signale une Madone de Pietro Lo- renzetti, appartenant à M. Charles Loeser de Florence (salle XXVIII, n° 13). La charmante copie par Andréa Yanni 1 de Y Annonciation de Simone, aux Offices, souffre d’être arrachée de son milieu, ayant été suspendue trop bas dans une salle trop encombrée et dans une lu¬ mière défavorable; mais l’exquis Giovanni di Paolo, L Assomption de la Vierge, placée à côté, et qui à Àsciano est presque invisible, paraît ici à son avantage. Giovanni di Paolo est extrêmement favorisé à cette exposition, car, bien qu’étant décidément un artiste de moindre valeur, sa fan¬ taisie est amusante, sa technique admirable, et il possède un vif sen¬ timent du décoratif. Dans son panneau d’autel daté de 142G, de Castelnuova Berardenga (salle XXXI1Ï, n° 20), les anges musiciens sont couronnés de charmantes guirlandes de jasmin, de bleuets et de pervenches peintes presque avec la délicatesse, le soin et la précision d’un Gentile da Fabriano ou d’un Pisanello. Son Paradis est aussi gai et décoratif que telle œuvre de ces maîtres, et son Adam et Eve chassés du Paradis, qui appartient à M. Camille Benoit, conser- 1. Voir le Burlington Magazine, août 1903 : article sur Andréa Yanni par F. Mason Perkins.