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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/255

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS un certain calme : témoin l'effigie du marquis de Mirabeau au Louvre. Son pinceau ne perdait jamais pour cela de sa particulière onctuosité, notamment dans les blancs, fondants, crémeux, chez lui très caractéristiques. Comparez justement ceux du gilet du marqnis de Mirabeau et ceux du fichu de la Femme inconnue \ comparez aussi le rendu de l'étoffe verte sur le fauteuil du premier portrait et celui du corsage bleu dans le second;.comparez enfin les plissements du manteau léger que porte l’économiste et ceux du chàle noir de la liseuse. Dans les indications courantes d’accessoires, la main, des¬ sinant plutôt qu’elle ne peint, reprend en quelque sorte l’allure par¬ ticulière à son tempérament; ces lourdes traînées du pinceau mar¬ quant le libre jeu du drapé s’offrent presque comme des paraphes. Enfin il y a la petite brochure; on la retrouvait, à peu près la même, à une vente récente (vente Beéchc) dans une peinture très fatiguée, que nous reproduisons, figurant une jeune femme en liseuse; elle équivaut à un délicieux morceau de nature morte, et nous pensions tout à l’heure à Chardin. En tout cas, ce ne peut être que d’un talent très familier avec le sien. Et quel autre supposer que celui d’Àved, son compagnon? Ce serait cette fois que celui-ci aurait véritablement peint en toute simplicité! Un tel chef-d’œuvre eût été bien propre à mettre en évidence cette particulière qualité et à en faire le titre principal du renom de l’artiste1. Qu’il en soit oui ou non l’auteur, il n’en était pas moins doué d’un talent suffisant pour avoir de nos jours plusieurs de ses œuvres étiquetées sous le nom glorieux de Chardin. Ses rapports très mar¬ qués avec le maître constituent la particularité la plus intéressante de son art. Leur examen fera l’objet de la suite de cette étude. PROSPIÏll D O H B E C (La suite prochainement.) 1.\tEu 1738, Tannée de sou second envoi aux Salons du Louvre, en même temps que sa grande et officielle représentation de Jean-Baptiste Rousseau dans son cabinet de travail, Aved exposait deux images de femmes, dont l’une désignée au livret ; Mme de Varcnne en liseuse. Mais les relations des critiques du temps sont absolument muettes sur les deux tableaux et ne font mention que du poète sur lequel elles s’étendent longuement. Cette dame, de nom obscur, put bien se trouver éclipsée par le portrait imposant du fameux épigrammatiste. Ce ne serait -néanmoins que par simple hypothèse qu’on penserait la retrouver dans le tableau de la salle La Caze. D’ailleurs, elle pourrait aussi bien être la Jeune femme tenant une brochure, de la vente Beéche, que nous reproduisons page précédente.