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240\tGAZETTE DES BEAUX-ARTS Or, une heureuse et récente découverte littéraire a apporté la lumière sur ce point et, par là, a augmenté de beaucoup l’importance et la valeur de cetie œuvre. Elle a révélé que ce bouquet est un produit de la manufacture de porcelaines de Vincennes.Marie-Josôphe deSaxe, seconde fille du roi Auguste III de Pologne, épouse du dauphin de France, l’avait envoyé en 1749, à Dresde, en cadeau à son père. Marie-Josèphe fut, comme on sait, mariée au dauphin en 1747. Cette union, au début, ne fut pas heureuse. Le dauphin, veuf depuis peu, ne pouvait oublier sa première femme, une prin¬ cesse espagnole, ni s'épren¬ dre encore d’amour pour sa seconde femme, quoique celle-ci fît tout pour lui plaire et méritât bien son affection. Elle n’était pas jolie, mais avait de l’esprit et surtout du caractère. Elle était fière d’être la femme du futur roi de France, mais également fière d’être et de rester Allemande, digne t compatriote de cette Elisa- beth-Charlotte du Palatinat, femme du duc d’Orléans, r. » ou pp. oknant le socle b u x «ouQUET dont la correspondance ES PORCEI.AIXE DE VI5CESSES exprime éloquemment ce (Collection royale de porcelaines, Dresde.) sentiment d’attachement à son pays, qu’on ne rencontre guère fréquemment chez les princesses allemandes. L’éloignement de son pays n’était donc pas une séparation intel¬ lectuelle. U y eut, de côté et d’autre, échanges de vues. On s’envoya mutuellement des cadeaux 1, et Marie-Josèphe tint compte des goûts artistiques de son père2. Parmi ces cadeaux, le bouquet en porce- hiine est mentionné de façon toute particulière. 4.\tElle avait déjà apporté avec elle des vases de Meissen, qu’elle plaça sur ses cheminées, 2.\tElle avait envoyé aussi des cadeaux pour enrichir la galerie de tableaux, si chère à son père. (V. Eazare-Duvaux, Livre-journal. Paris, 4873, t. I, p. 23.)