UN BOUQUET EN PORCELAINE DE VINCENNES 241 C’est le duc de Luynes, dans ses Mémoiresl, qui en parle. Il rap¬ porte, à la date du 3 février 1749 : « M. de Fulvy, qui est toujours chargé de la manufacture de porcelaine de Vincennes, a apporté à ]ÿlme la Dauphine un très beau bojuquet dans un vase fait à cette ma¬ nufacture; c’est un présent que Mme la Dauphine veut faire au roi son père. On l’envoya à Dresde sur un brancard avec deux porteurs qui comptent n’être que trente jours en chemin. Le marché est fait à 100 sols par jour pour chacun. » Quelques jours plus tard il ajoute: «J’ai marqué ci-dessus que l’on envoyait à Dresde, sur un brancard porté par des hommes, le bouquet de fleurs de Vincennes que M. de Fulvy apporta, il y a quelques jours, à Mme la Dauphine et dont elle fait présent au roi son père. Cet arrangement a été changé. On a trouvé trop d’incon¬ vénients à cette manière de transporter ce bouquet. On a pris le parti de le démonter et
de l’envoyer par les voitures ordinaires,etM.de Fulvy fait partir l’ouvrier qui l’a monté pour qu’il aille à Dresde le remettre en état d’être pré¬ senté au roi de Pologne. » Il n’y a pas de doute que ce bouquet ne soit celui qu’on admire dans la collection royale des porcelaines à Dresde. L’origine française de cette pièce, déjà accusée par le socle en cuivre, n’est plus aujourd’hui contestée par aucun connaisseur. Le style, très nettement exprimé dans le socle, indique l’époque où le style rocaille atteignait son plus haut degré de développement. Les fleurs de lys qui figurent aussi dans le bouquet révèlent l’origine française et royale de la pièce. Le grand embarras où l’on se trouva, après l’achèvement de l’œuvre, pour procéder à son transport ne prouve-t-il pas suffisamment qu’il s’agissait d’un ouvrage important et délicat? Aucun autre objet de GROUPE ORNANT LE SOCLE 0 UN liOUQUET EN PORCELAINE DE VINCENNES {Collection royale do porcelaines, Dresde,) I.\tMémoires du duc de Luynes sur. la cour de Louis AV. Paris, 1860-G2. XXXII. — 3* PÉRIODE.\t31
