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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/313

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L’EXPOSITION DES MAITRES ANCIENS A DUSSELDORF 269 — où l’étoffe de brocart d’or que tendent au fond de petits anges, le manteau rouge doublé d’hermine blanche et la robe bleue de la Vierge, les auréoles d’or sur le fond bleu clair du ciel forment, en dépit de la vivacité des tons, un accord si riche et si harmonieux, — surtout par la majesté douce dont rayonne cette suave apparition. C’est là une des œuvres maîtresses de l’école et de l’exposition. Les deux autres chefs-d’œuvre que nous avons cités sont restés à Cologne (et, de même, à Darmstadt la Présentation au temple que le catalogue annonce), mais le Musée germanique a envoyé un Christ en croix entre des saints d’une expression forte et sobre très particulière, et la princesse Moritz de Saxe une Adoration de /’Enfant Jésus où l’expression de pureté et de recueillement de la Vierge agenouillée, les jolis traits de l’Enfant Jésus et les délicieux épisodes des petits anges regardant par la fenêtre de rétable ou juchés sur le toit et chantant forment un ensemble d’un charme exquis. D’autres peintures de l’exposition montrent la persistance et le développement des types sortis de l’atelier de maître Guillaume ou créés par maître Stephan : une Vierge avec VEnfant (coll. Wittich, de Darmstadt) offre celte particularité curieuse de réunir les motifs de la Vierge à la violette et de la Vierge au buisson de roses. Une Crucifixion, par le « maître de l’autel de Ileisterbach » (appartenant au consul Weber, de Hambourg), est également à signaler parmi les œuvres marquées de l’influence de Lochner. Mais déjà voici terminée la période d’idéalisme pur; la séduction — à laquelle Lochner lui-même, dans le Dombild, semble n’avoir pas été insensible — du naturalisme enseigné par les Flandres voi¬ sines, et notamment par le célèbre retable de Saint-Bavon, va se manifester de plus en plus. Une preuve de cette influence est fournie par le Triomphe de la Vierge (appartenant au baron Ileyl zu Herrnsheim) du « maître de la Glorification de Marie », réplique libre du tableau de Cologne qui a servi à baptiser son auteur, et où, comme dans cette dernière œuvre, une multitude de ces petits anges aux robes bleu foncé, chers à l’école de Cologne, se pressent en cercle compact autour de la Madone : dans les saints personnages qui, au bas, donnent un concert à la Reine du ciel, une figure d’ange assis et jouant de l’orgue est la copie pure et simple d’un des anges du retable de Gand. Dans un autre ouvrage du même peintre, une Adoration des Mages (coll. Beissel, d’Aix-la-Chapelle), se mêlent aussi des réminiscences du tableau de sujet semblable de Rogier van der Weyden, à Munich, et du Dombild de Lochner.