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270 GAZETTE DES BEAUX-ARTS De nouveau nous avons affaire à des artistes anonymes, mais de caractère bien tranché. Le « maître de la Vie de Marie » (vers 1460), chez qui les colorations vives, mais froides, contrastent avec le ton pâle des carnations, tout en gardant encore le sens de la vie idéale, se montre réaliste décidé dans une Adoration des Mages (au Musée germanique) et une Crucifixion (coll. Yirnich, de Bonn), très influen¬ cées par Rogicr van der Weyden et Dierick Bouts, et aussi dans une Visitation (à M. G. Crombez, de Paris) de caractère sobre et éner¬ gique; dans son amour de la nature, il ajoute au fond d’or tradi¬ tionnel des paysages pittoresques, soigneusement dessinés, de mon¬ tagnes, de fleuves et de villes. Des imitateurs de sa manière, à mi-chemin de l’idéalisme de Cologne et du réalisme des Pays-Bas, l’exposition renferme plusieurs peintures, dont une particulièrement remarquable : un Crucifiement (coll. Flamm, d’Àix-la-Chapellc), d’un accent moins viril, mais d’une harmonie de colorations plus délicate que les œuvres précédentes. Le « maître de la Heilige Sippe » (vers 1480-1510), lui, aime les tons riches et variés. Son tableau votif du comte Gumprecht de Neuenahr (collection von Carstanjen, de Berlin), avec ses nombreux donateurs et donatrices agenouillés au-devant de leurs saints patrons sous des arcades, au bas d’une Vierge couronnée par des anges que dominent la figure de Dieu le Père et la colombe du Saint-Esprit, tandis qu’un frais paysage où se passent des scènes de la Passion s’aperçoit dans le lointain par l’ouverture centrale du portique, est une composition brillante, d’une facture vigoureuse et très achevée. Il en est de même d’une Adoration des Mages (au comte Landsberg- Velen), où les têtes des rois et des autres personnages sont d’une caractérisation qui fait songer à des portraits (l’un des Mages offre la particularité curieuse d’avoir été exécuté d’après le personnage qui posa pour Y Homme à l'œillet de Jean van Eyck ou d’avoir été emprunté à ce tableau) et où la figure de la Vierge est d'une beauté fine qui la fait ressembler à la Vierge glorieuse d’Engucrrand Charonton admirée cet été au pavillon de Marsan. Le « maître de Saint-Barthélémy » (même date environ) est d’une énergie plus âpre et ami de couleurs plus sombres : tel, du moins, le montrent trois panneaux : une Adoration des Mages et une Sainte Famille (au prince de Hohenzollern) et surtout un volet d’autel (au musée de Mayence) où sont figurés saint André et sainte Colombe. Moins rude, le « maître de l’église Saint-Sévérin » est non moins caractéristique par l’application qu’il met à l’étude de la physio-