Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

290 GAZETTE DES BEAUX-ARTS prétendues telles, des commissions reçues de France et exécutées, des expressions répétées de dévouement à l'égard des surintendants, voilà trop souvent le bilan de cette volumineuse correspondance. Mais nous savons quelque chose de Vincent par les œuvres qu’il fit à Rome et qui sont parmi ses plus originales et ses plus libres. Il eut vraiment son genre à lui, en s’amusant à dessiner en charge ses camarades1. Il avait un crayon alerte et souple — on parlera plus tard de « sa fierté de dessin », ce qui sera d’ail¬ leurs exagéré ; — il voyait juste, avec un sens assez aiguisé de l’individualité de chaque personnage, dont il dégageait assez vite le trait vulgaire ou ridicule. 11 croqua ainsi Suvôe, Renard, Lemon- nier, Ségla; Bocquet, né¬ gligé, presque sordide dans sa laideur; Peyron, gros et court, bedonnant, la culotte à peine at¬ tachée; César Vanloo, épais et trapu ; Delaistre, " vii les épaules grêles, le dos voûté, les jambes en fu¬ seau ; Jombert, coiffé d’un légendaire bonnet de co¬ ton2. On'a là mieux que des physionomies personnelles, presque la physionomie de toute une génération d’élèves, alors qu’ils gardaient encore des habitudes de 4.\tVoir aussi Gazette des Beaux-Arts, août 1903. — Les dessins dont la prove¬ nance n'est pas indiquée appartiennent à l’auteur de l’article. 2.\tJombert en avait, paraît-il, l’habitude. Vincent l’a représenté en bonnet de colon et jouant du violon, dans un autre dessin (Catalogue Goncourt, n° 337). CHARGE DE UOCQUET DESSIN AU CRAYON, PAR VINCENT