NOTES SUR LE PEINTRE VINCENT 291 sans-gêne, des allures un peu tapageuses, qui rendaient difficile pour les directeurs le maniement de ces esprits restés très jeunes. Vincent dessina aussi, au cours de ses promenades ou de ses excursions, des scènes de mœurs : hommes et femmes du peuple, muletiers, auberges de campagne. Ou a également de lui quelques portraits. Nous en reproduisons deux de personnages de la société romaine : le signor Garbi, un gentilhomme attaché à la clien¬ tèle du cardinal Albani, et sa femme. C'est aussi à Rome, en 1774, qu’il peignit le financier Bergeret, presque célèbre par ses relations avec les artistes et ■par ses démêlés avec Frago- nard1. Bergeret goûtait « M. Vin¬ cent, qui a un talent particu¬ lier ». «Tantôt, écrit-il, c'est un joli dessin, une galanterie, que me font quelques artistes de l'Académie, tantôt ma chienne blanche, Diane, levrette déli¬ cieusement peinte par M. Vin¬ cent, qui m’en a fait l’agréable surprise2. » Voici enfin la men¬ tion du portrait : « On a entre¬ pris de me peindre et j'ai été modèle toute la journée, dit Ber¬ geret. Nous en verrons la réus¬ site à Paris. » En effet, l'esquisse, car ce n'était qu'une esquisse, fut exposée en 1777, avec le portrait de la levrette Diane. Bergeret est représenté debout, dans une chambre à la romaine, en déshabillé blanc du matin, le cou très découvert, la tête coiffée d’un foulard. Il s’appuie d'une main sur une base antique, supportant un buste, des livres, des estampes. L'œuvre a tout le charme de l'improvisation3. CHARGE DE RENARD DESSIN A II"- CRAYON, PAR VINCENT 1. Cf. Baron Portalis, Honoré Fragonanl, sa vie et son œuvre. 2. À Tornézy, Bergeret et Fragonardjoîmiàl inédit d’un voyage en Italie (4773- 74), 1895, p. 240, 245. 3. Musée de Besancon.
