Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/357

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LES TAPISSERIES DE MALTE 309 aurait reçu la commande des tapisseries représentant les Campagnes du général, duc de Marlborough, destinées au palais de Blenheim, et aussi des Victoires du prince Eugène de Savoie qui décorent le palais du glorieux défenseur de la maison d’Autriche. M. Wauters cite aussi diverses tentures lissées pour les grandes familles du pays, les Mérode et les d’Arenberg. On voit encore dans le palais du duc d’Arenberg plusieurs suites portant la signature de Josse de Vos. Nul fabricant de tapisseries n’était donc mieux qualifié pour être chargé de la décoration de l’église des chevaliers de Malte. Une seule objection se présente. Comment Josse de Vos, ne disposant que de douze métiers, a-t-il pu venir à bout, dans un espace de temps assez restreint, d’entreprises aussi multiples et aussi vastes? Peut-être M. Wauters a-t-il par trop réduit l’impor¬ tance de son atelier. Il se peut aussi que Josse de Vos, désigné par sa réputation à tous les clients de marque, se soit déchargé sur ses confrères d’une partie de la besogne à lui confiée, bailleurs, il ne faut pas l’oublier, les ateliers de Bruxelles travaillaient exclusive¬ ment en basse-lice, et la rapidité d’exécution des anciens ouvriers tisseurs étonne singulièrement les personnes qui sont à même de constater la lenteur du travail moderne. Un tapissier d’Aubusson peut arriver à tisser en un mois un mètre carré de tapisserie, quand le modèle est largement traité. Un ouvrier bruxellois aurait donc été capable de produire par an dix à douze mètres de travail. Quant à l’auteur des cartons, on est réduit aux conjectures. Le grand-maître de Malte a-t-il commandé ces scènes religieuses à un des derniers survivants de l’école de Rubens, ou bien, ce qui paraît assez probable, s’est-il contenté de choisir des cartons déjà reproduits plus d’une fois par les ateliers flamands et relégués au fond des magasins? Question diflicile à résoudre. Les bordures des grandes compositions sont toutes semblables. Le cadre est formé de feuilles découpées d’un ton chaud et vigoureux, imitant le bronze doré, interrompues, au milieu des parties mon¬ tantes, par des croix de Malte suspendues à des nœuds de ruban bleu. Aux quatre angles, des couronnes formées de roses et de feuil¬ lage encadrent les initiales enlacées du donateur, R. P. Au milieu de la bordure supérieure, les armes de Perellos se répètent sur les vingt-sept tapisseries. Au centre de la bordure inférieure, un motif composé d’une sorte d’autel entouré de divers attributs : encrier, chandelier, livres fermés. Sur les pages d’un livre ouvert on dis¬ tingue l’inscription : Testamentum novum.