Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ART IvHMER ET LES RESTITUTIONS DU TROCADÉRO On se rappelle quel succès obtint à la dernière Exposition Universelle la restitution du temple cambodgien édifié dans le parc du Trocadéro, et l'affluence de visiteurs qui s'extasiaient devant ces formes exotiques, aux parois extérieures recouvertes de fines dentelles et aux riches frontons entourant des divinités qui ne nous étaient point familières; l'imagination se sentait émue devan la grandeur de cette construction si singulière, à l'escalier presque à pic, qui menait le regard jusqu'au faîte. Telle fut la puissance de l'art, que, malgré les incertitudes d'une figuration inconnue, on s'abandonnait naturellement au prestige de l'ensemble, l'œuvre étant harmonieuse et d’une impression saisissante. C’eût été bien autre chose, et on aurait vu un unique chef-d’œuvre si ce temple avait pu être une restitution exacte, édifiée avec les linesses qui caractérisent le style et le charme incomparable de la sculpture cambodgienne ; mais, comme tous les décors passagers d'une Exposition Universelle, il fut élevé trop à la hâte, et ne pou¬ vait prétendre reproduire exactement quelque temple de l’ancien Cambodge, ni dans l'ensemble, ni dans les détails, bien que les motifs de son architecture fleurie et pittoresque fussent empruntés au Musée des antiquités cambodgiennes du Trocadéro à Paris, ou aux ruines des bords du Siem Reap, au Cambodge siamois.