Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/378

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L’ART KHMER ET LES RESTITUTIONS DU TROC A DÉ RO 329 de propos : aucune confusion, point de contresens; nulle part l’ornementation n’est en contradiction avec la construction archi¬ tecturale, qui apparaît toujours avec son caractère essentiel et ses lignes nécessaires. Cette ornementation a beau être partout; elle a beau recouvrir d’une végéta¬ tion de rêve l’intérieur et l’extérieur des temples, les linteaux des portes, les colonnes de soutien, les plafonds et même les toitures, jamais elle ne semble inutile et ne choque le re¬ gard : partout elle habille seulement les grandes silhouettes et ne les dé¬ nature pas. Voyons l’une des portes d’Àngkor- Thom ou Àngkor la Grande (les trois autres étant détruites), laquelle est érigée d’une galerie terminée en tour¬ elle, où il existe encore la quadruple et gigantesque face de Brahma, à demi enveloppée par les branches grimpantes; puis les deux balustra¬ des monumentales aux longues files de yaks accroupis, aux allures impo¬ santes et majestueuses, diversement coiffés, les bustes droits, les regards impassibles, vivants et décoratifs, maintenant sur leurs genoux les corps de gigantesques serpents heptocé- phales des deux côtés des ponts des fossés de l’enceinte. — Ne semble-t-il pas que tous ces gardiens des édifices sacrés, yaks, serpent heptocéphale, divinité, veillent aux portes d’entrée de l’antique cité, qui fut la plus puissamment fortifiée et la plus importante capitale des rois khmers? Les murs d’enceinte, de quatre mètres de haut, entourant la cilé d’Angkor, qui n’est plus actuellement qu’une vaste forêt parsemée de grandes ruines de ses monuments, avaient seize kilomètres de développement, et étaient entourés de fossés de cent vingt mètres de large; au centre même dé cette enceinte s’élevait une pyramide LA DÉESSE LA KMI STATUE EN I* I E H H E PROVENANT DE L A PROVINCE DE ST R UNO-T RENO (LAOS), (viIe-XII° SIÈCLE) (Muscc des antiquités cambodgiennes, au Trocadéro.) XXXII. — 38 PÉRIODE. 42