Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/395

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3-46\tGAZETTE\tDES\tBEAUX-ARTS mais ils sont encore à retrouver*. On en citerait bien un ou deux autres portant sa signature, mais elle y paraît suspecte. Cependant le nombre qui lui en est attribué aujourd'hui n’est pas éloigné d'at¬ teindre à une quinzaine. Toute cette partie prétendue de son œuvre est à reviser. Je suis persuadé que, s’il s'organisait une exposi¬ tion générale de ses peintures, une bonne partie des portraits lui serait définitivement retirée et irait faire retour à Aved. Dans son étude sur Chardin, Edmond de Goncourt citait trois portraits de femmes examinés par lui dans des collections privées. De l’un, alors possédé par M. Camille Marcille, « tout est de Chardin, disait-il, sauf la tête... Chardin pour nous a peint cette robe rouge, ces mitaines vertes, ce fouillis de dentelles, ce semis de fleurettes, cette tranche nuée d'éventail fermé; mais dans la figure, nous ne le retrouvons pas... ». Ce fouillis de dentelles, voilà qui fait penser au portrait de Carnavalet, cette tranche nuée d'éventail ferme, voilà qui a dû fournir l’occasion d'un de ces petits détails de nature morte savoureusement indiqués comme en sont les rubans du porte¬ feuille de M. Roques; et ce portrait de femme en robe rouge, sans doute de ce même beau rouge clair tournant au rosé dont est habillé Al. Roques — plus loin, en effet, à propos de la même toile, Edmond de Goncourt parle d’une robe rose — pourrait bien s'iden¬ tifier avec une des peintures d’Àved désignées aux livrets de 1740 et 1759 : Mmc Poisson de la Chabeanssière en habit de bal, ou plutôt de *** tenant un éventail. La seconde figure signalée par Edmond de Goncourt faisait partie de la collection Chevignard; le critique en donnait la description suivante : « Une femme aux yeux noirs, aux traits durs, en bonnet de batiste, en mantelet noir doublé de petit gris, les mains dans un manchon de satin blanc rayé... Le bonnet, sa blancheur, la four¬ rure, la soie noire, le manchon et sa moire de lumière, le fichu de linon croisé sur la peau du cou, la main du maître les a touchés; il y a encore un peu de sa pâte au bout de l’oreille; mais la figure est dure, les couleurs fatiguées. C’est une coloration à la fois briquetéc et froide, une peinture qui fait penser à la détestable peinture saxonne. » Nous savons que le dur, le briqueté des chairs, a quel- 1. Gravés par Dupin et Louis Legrand. Un troisième, qui n’a pas été gravé, 31**' ayant les mains dans son manchon, figurait au Salon de 1746. — IL faut citer encore un portrait de Marguerite Siméoue Pouget gravé par Chevillet — petite femme bancroche en robe à cinq volants — d’après la tradition petite-filleule de Chardin. —Observons qu’Aved a fait le portrait d’un troisième membre de cette même Académie, M. Morand, chevalier de Tordre de Saint-Michel (Salon de 1753).