Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

356 GAZETTE DES BEAUX-ARTS de mosaïques ou de peintures sa pieuse fondation. Mais quand la tourmente de la quatrième croisade s’abattit sur Constantinople, la domination latine ne semble pas avoir mieux traité le couvent de Chora qu’elle ne fit pour tant d’autres monuments religieux ou pro¬ fanes. Un des premiers soucis des Paléologues, quand ils rentrèrent dans leur antique capitale, dut être de réparer les désastres de l’oc¬ cupation étrangère: Andronic II (1282-1328), en particulier, y donna toute sa peine, et à son exemple un de ses ministres, grand favori du prince, s’occupa de restaurer l’église de Chora, qui de nouveau était fort délabrée. A l’exception de la partie centrale de l’édifice, à laquelle il ne toucha point, il fit complètement renouveler tout le reste de la décoration; en outre, il agrandit le sanctuaire par des constructions nouvelles; il fit en particulier bâtir sur le côté méri¬ dional de l’église la longue galerie, peut-être destinée à servir de lieu de sépulture, qui la flanque encore aujourd’hui : bref, il put se vanter à bon droit d’avoir vraiment fondé à nouveau le monastère et d’avoir, « au prix de grandes dépenses et de fatigues sans nombre », accompli, comme il le disait dans un curieux poème, « une œuvre magnifique et digne d’être louée ». Depuis lors, l’église de Chora s’est conservée relativement intacte. Sons doute, elle dut à sa posilion près des murs d’être, dans l’assaut de 1453, assez maltraitée, et plus tard,lorsqu’elle fut transformée en mosquée, les Turcs, selon l’usage, badigeonnèrent ou détruisirent les images qui décoraient le sanctuaire proprement dit; mais ils épar¬ gnèrent heureusement les mosaïques qui ornaient les deux narthex de l’église et les fresques qui couvraient la galerie latérale du parek- klesion. Et ainsi, malgré les ravages que leur ont à plusieurs reprises infligés les tremblements de terre', malgré l’incendie qui, au xvme siècle, éprouva le monument, ces œuvres d’art nous sont parvenues en un suffisant état de conservation, et elles ont eu, de plus, cette bonne fortune qu’aucune restauration maladroite n’en est venue altérer le caractère primitif et l’originalité2. Bien des fois signalées déjà à l’attention des curieux, plus rarement étudiées d’une façon scientifique et vraiment définitive3, les mosaïques de Kahrié- 1. Celui de 1894 semble avoir été plus désastreux pourtant que les précc dents. 2. La restauration sommaire exécutée en 1876 n’a apporté aucune altération aux mosaïques. 3. Si l'on met à part les études de Pulgher (Les anciennes églises de Conslanti- nople, 1880) qui a relevé avec beaucoup de soin l'architecture de la Kahrié-djami, et les brèves indications de Richter (Repertorium fur Kunstivissenschaft, 1877), de