Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/414

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LES MOSAÏQUES DE KAilI11É-DJAMt djami méritent donc une place d’honneur dans l’histoire de l’art byzantin : elles en montrent en effet l’évolution dernière et comme la suprême renaissance de cet art qu’on se figure trop volontiers, même aujourd’hui, figé en d’immuables traditions. ï Au tympan de la « porte royale », qui du second narthex donne accès dans l’église, une mosaïque représente le Christ sur son trône, et, agenouillé à ses pieds, un homme vêtu du somptueux costume des grands dignitaires byzantins. Coiffé d’un haut bonnet de soie blanche striée de bandes rouges, habillé d’une tunique dorée que recouvre un ample manteau vert brodé de fleurettes rouges, il présente au Seigneur un petit modèle d’église byzantine; et ce détail suffirait à lui seul à nous faire deviner en lui le fondateur ou le restaurateur de l’édifice, si une inscription placée dans le champ de la mosaïque ne nous le désignait plus explicitement comme « le fondateur, le logo- thète de la caisse centrale, Théodore Métochite ». Nous connaissons fort bien ce personnage. Ministre et favori de l’empereur Àndronicll, mêlé à toutes les grandes affaires de son temps, tout ensemble diplomate, homme d’Etat, savant et philosophe, c’est une des plus curieuses figures et des plus caractéristiques que nous offre la Byzance du xivc siècle, et à ce titre son portrait n’est point indigne peut-être d’être esquissé. Il était né à Nicée, et la vie au début lui avait été difficile. Orphe¬ lin de bonne heure, il avait dû travailler beaucoup pour achever son éducation; mais il n’y avait point épargné sa peine, comptant bien que, dans cette Byzance où la littérature était si fort estimée, les lettres ne manqueraient point de le conduire à la fortune. Et en effet, venu vers l’âge de vingt ans à Constantinople, il ne tarda pas, par la réputation d’orateur qu’il s’y fit, â attirer sur lui l’attention de l’em- LüLzow (Zeitschrift fur bildende Kunst, -1880), de Nü\i\ma.nn (Revue orientale,G, et Archiv fur christliche Kunst, 1886 et 1887),il n’y a à citer,comme travaux sérieux, que deux ouvrages russes : celui de Kondalioff (Odessa, 1881), republié en 1887 dans les Trudy du 6e Congrès archéologique d’Odessa, et dont les conclusions sont fort contestables, et l’étude récente de Schmitt parue dans les Jzvjestija de l’Insti¬ tut archéologique russe de Constantinople, t. VIII (1902). Antérieurement à ce dernier travail, j’ai étudié les mosaïques de Kahrié-djami dans mon cours à la Sorbonne de 1901-1902, dont on trouvera le résumé dans la licvue des cours et con¬ férences, t. X, nos 12, 15, 21. La publication faite,en 1895,par Treu des poèmes de Théodore Métochite a éclairé, de façon nouvelle et décisive, les problèmes que pose la Kalirié-djami.