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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/418

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LES MOSAÏQUES DE KAHRIË-DJAMI 361 dans le monde entier, était, au moment où il écrivait, tombée dans l'anarchie et la décadence, pour avoir versé « dans la pure démo¬ cratie ». Il n'aimait guère plus le gouvernement aristocratique, lui reprochant de laisser trop de place aux luttes et aux rivalités des grands seigneurs. Son idéal était plutôt une sorte de monarchie constitutionnelle, et ce n'est pas la moindre originalité de ce Byzantin du xiv° siècle d'avoir, sous le régime absolu des basileis de droit divin, caressé de semblables rêves. Les circonstances fournirent à Métochite Loccasion d'exercer ses r aptitudes d'homme d’Etat. Diplomate, politique, administrateur, il fut pendant près de vingt ans le premier ministre de l'empereur, et, dans cette haute situation, il jouit d'une influence prépondérante. 11 commença sa carrière dans les ambassades, et sa première mission consista à négocier un mariage de prince. En un temps où les routes étaient loin d’être sûres, ce n’était point là un métier fort plaisant; ce qui en augmentait encore l'ennui, c'est que le prince à marier, Michel, fils d'Àndronic, n’était, point, en sa qualité d'ortho¬ doxe, d'un établissement fort aisé. Pourtant le négociateur se tira d'affaire à sa gloire : après un échec à Chypre, il réussit à conclure un mariage en Arménie, et il fit si bien qu il ramena même à Byzance deux fiancées pour une, le roi d’Arménie lui ayant confié scs deux filles, afin qu'entre elles l’empereur fit son choix. Ce succès le mit en évidence. Deux ans plus tard, une nouvelle ambassade, cette fois chez les Serbes, ne fut pas moins heureuse; désormais sa fortune ne s’arrêta plus. Il était déjà « logothète de la liste civile » (toW ôistêwcxciv) ; il devint ministre du Trésor (XoyoOeV/iç tov yevtxou), et finalement, en 1321, avec le titre de grand logothète, il se haussa au poste de premier ministre. Très riche, il s’était fait bâtir, tout auprès du monastère de Chora, un palais magnifique; tout-puissant sur l'esprit de l’empereur, il était — lui-même le reconnaît quelque part avec une modestie charmante — le favori déclaré du souverain. « Andronic, dit un contemporain, l'aimait tant qu’il n’avait aucun secret pour lui. Il faisait tout ce que voulait son ministre, et rien ne se faisait contre sa volonté. » Pour lui être agréable, le basilem augmenta les privilèges de la charge de grand logothète; il rendit plus somptueux les insignes qui désignaient le titulaire de cette haute fonction. Il pourvut largement, en outre, à l’avancement des fils de Métochite; il fit épouser à son propre neveu Jean la fille du favori, et la plaça, avec le titre de panhypersébaste, sur les marches mêmes du trône. Une telle fortune n'allait point sans attirer à Théodore XXXII. — 3® PÉRIODE.\t46