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372 GAZETTE DES BEAUX-ARTS bras vers r enfant, la démarche hésitante de Marie, l’attitude de la servante debout derrière elle et dont la figure et le voile rouge Bot¬ tant rappellent les traditions antiques, tout cela fait une scène in¬ time, toute simple et charmante, d’une émotion discrète et sincère. Ce qui n’est pas moins remarquable, c’est le goût des détails familiers et gracieux. Dans la composition qui représente Anne en prière dans son jardin ou, comme dit si joliment le texte oriental, « dans son paradis », au milieu du paysage d’arbres verdoyants qu’arrosent des eaux jaillissantes, le peintre fait passer une colombe, il met sur une branche un nid où se dressent deux oiselets — le détail, ici encore, vient, au reste, des apocryphes,— il place derrière la jeune femme la figure assise d’une petite servante, et l’ensemble de la scène en prend tout un caractère de naïve intimité. La même recherche des sentiments familiers et tendres apparaît dans le joli épisode qui montre « les caresses de la Vierge ». Mais ce qui est surlout digne d’attention, c’est l’entente de la composition, savante, naturelle et harmonieuse. Regarde/ la scène de la distribution de la pourpre, ou celle encore où le grand-prêtre remet à Joseph le bâton miraculeusement refleuri : dans l’arrangement des groupes, dans l’attitude des personnages, il y a une science consommée, un art raffiné et exquis. Et considérez enfin le détail des figures : il en est de singulièrement expressives et séduisantes. Telle, dans la scène de la Présentation, l’une des jeunes filles qui font escorte à la Vierge : avec sa robe rouge bordée d’or, son manteau bleu, le toquet de velours bleu posé sur ses cheveux blonds, sa stature robuste et fière, elle rappelle les jeunes femmes élégantes, un peu graves, que Giotlo peignit dans l’église inférieure d’Assise. C’est dans le narthex extérieur qu’il faut aller pour trouver, avec la scène du voyage à Bethléem, le point par où le cycle de la Vierge se soude aux épisodes de la vie du Christ. Ici, dans ces thèmes d’ori¬ gine plus ancienne, les évangiles canoniques ont, plus que les apo¬ cryphes, fourni au maître byzantin les sources de son inspiration ; mais, pour être plus connues, les composilions ne sont pas moins belles, et quelques-unes sont d’un mérite supérieur. Telle est, parmi les épisodes de l’enfance du Seigneur, la mosaïque qui représente un sujet très rarement traité dans l’iconographie byzantine : le recen¬ sement devant le légat Quirinus. Dans la manière dont la Vierge est figurée, seule et comme en pleine lumière, entre le groupe que forment Joseph et ses serviteurs et celui des deux scribes qui enre¬ gistrent sa déclaration, il y a un sens de la composition tout à fait