38 GAZETTE DES BEAUX-ARTS procédé de ce qui nous charma d’abord sans réserve, et il semble qu'elle nous redise avec le même agrément un songe qu'elle nous a déjà confié en partie. Ce sont d’ailleurs les paysagistes qui paraissent avoir le plus sou¬ vent recueilli la poésie, et qui allient le plus volontiers le goût du reve à celui du réel. C’est que nulle part la réa¬ lité ne semble au premier abord se suffire davantage à elle-même et que nulle part elle ne dépend plus certai¬ nement des yeux qui la regardent. Parmi les divers élats de l’atmos¬ phère, la nature est un ensemble de sensations chan¬ geantes; elle se transfigure avec les heures, elle em¬ prunte à chaque rayon un aspect nouveau. 11 n’est coin de terre si dis¬ gracié qui ne puis¬ se se vêtir d’un éclat inattendu; la lande se colore, le marais resplendit, le plus humble village prend une grandeur émouvante, et ce serait miracle si tant de changements et de nuances n'avaient de corres¬ pondances mystérieuses avec les états de nos propres esprits. Aussi chaque pays a-t-il ses peintres qui le comprennent et qui l'aiment. Le Jura a trouvé dans AL Pointelin un poète âpre et sincère qui évoque par ses tons sombres la monotonie crépusculaire des terres déjà voisines des montagnes; les étendues de bruyères de la Cor- PIUXCESSE OKIE.VTALE, PAU M. G.-W. JOY (Société des Artistes français.)
