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3S0 GAZETTE DES BEAUX-ARTS corrigera brillamment de ces défauts et rendra avec brio ces vastes encombrements d’hommes et de chevaux, ces fouillis inextricables de combattants et de blessés que nous offre tout champ de bataille. À côté de ces dessins figuraient deux caricatures « où la charge était adroitement ménagée1 ». Sans aucun doute, s’il avait continué de manier le crayon satirique, Swebach aurait rivalisé sur ce terrain avec Carie Vernet et Debucourt, le Carie Vernet des « Merveilleuses » et le Debucourt de la Promenade de la galerie du Palais-Royal. Mais la peinture à l’huile était l’objet de ses préférences. Pour s’y adonner en toute liberté, il avait déserté le logis paternel. Entiché de gravure, fort autoritaire de son naturel, le vieux Swebach rêvait pour son fils les lauriers d’unBervic ou d’un Georges WiIle. Le jeune homme se sentait assez peu de dispositions pour cet art de la gravure qu’il pratiquait sans déplaisir, mais plutôt en manière de passe- temps. Tel n’était pas l’avis du père : aussi les pinceaux se trouvaient- ils souvent confisqués, notamment lorsque l’apprenti graveur se montrait rétif au travail du burin. Alors Jacqucs-François-Joseph de rechercher la bienheureuse cachette, puis de se relever la nuit, pour essayer de fixer, à la lueur d’un chandelle fumeuse, un épisode de la rue, la silhouette d’un passant qui l’avait frappé durant la journée2. Certes, des conseils de Joseph Silfrède-Duplessis il lira grand profit pour l’apprentissage de la technique. L’art de reproduire en trait précis figures et formes lui devint familier. D’ailleurs, l’atelier de Duplessis était une bonne école. Le maître jouissait d’une répu¬ tation indiscutée comme peintre de portraits; il excellait à rendre les nuances les plus délicates de la physionomie humaine. On imagi¬ nerait volontiers, sans trop de crainte de s’aventurer, qu’il enseigna à Swebach les procédés connus pour saisir la ressemblance; mais ce qu’on n’oserait guère assurer, c’est que l’auteur de fades peintures 1. Mercure, samedi 4juillet 1780, p. 33-40. 2. Au nombre des vingt-sept portraits exécutés d’après nature par L.-L. Boilly pour son tableau: Intérieur de l'atelier d'Isabey, se trouve l’effigie de Swebach. Avec ses lèvres minces, son air sévère et réfléchi, ses longs cheveux tombants, son long nez, toute une apparence de préoccupation et de volonLé, Jacques-François- Joseph n’éveillait guère la sympathie; on ressentait devant sa personne l’im¬ pression d’une énergie ambitieuse, d’une opiniàlreté qu’il tenait de son père. Et cette opiniâtreté le soutint dans le travail ininterrompu qu’il dut entreprendre afin de se faire place dans la phalange des artistes ses contemporains, dont quel¬ ques-uns étaient des hommes du plus grand talent et dont bien peu lui étaient inférieurs. — Une effigie de Swebach, exLraitc du célèbre Groupe d'artistes de F.-L. Boilly, se trouve reproduite en lettre au début de cet article.