390 GAZETTE DES BEAUX-ARTS en buste, signé de Nattier, avec la même date, passe, dans une famille de la descendance des Le Normand, pour être celui de F Mmc d’Etioles, l’année qui suivit son mariage. Nous sommes trop mal renseigné sur celte toile, conservée en province, pour dire si une telle tradition est fondée ou non; mais les circonstances extérieures ne semblent point la démentir. Quoi qu’il en soit, le portrait que Nattier a pu faire de la brillante bourgeoise n’a pas dû être conservé par elle, car il lui rappelait les souvenirs d’un moment de sa vie qu’elle chassait volontiers de sa pensée. Quelques années plus tard, cependant, ses hautes destinées s’étant accomplies, elle a pu sou¬ haiter se retrouver en présence du peintre. Pendant l’automne qui suivit celui où elle fut présentée à la Cour comme maîtresse déclarée, le Roi la fit peindre par Nattier. 11 la voulut en Diane chasseresse, peut-être en mémoire de l’entre¬ prenante amazone de la forêt de Sénart qui avait attiré d’abord son attention au cours des chasses royales. M. de Tournehem, devenu directeur général des Bâtiments du Roi, manda l’artiste à Fontaine¬ bleau en 1746, et le court mémoire de celui-ci dit tout ce qu’il im¬ porte de savoir : Mémoire d’un portrait de Mmc la marquise de Pompadour, peint par ordre de M. de Tournehem, par le sieur Nattier, à Fontainebleau, pendant Tannée 1746. Ce portrait est peint jusqu’aux genoux, sur une toile de 4 pieds 4 pouces de haut sur 3 pieds 4 pouces de large. Il représente Diane avec ses attributs; le fond est un paysage. Ledit ouvrage estimé la somme de 2 300 livres L’artiste n’avait fait à Fontainebleau, suivant son habitude, qu’une étude de la tête, se réservant de peindre le corps et les acces¬ soires à l’atelier. Il ne livra pas immédiatement son tableau, et pro¬ bablement tarda-t-il jusqu’en 1748, car on le trouve payé sur l’exercice de cette année, et seulement le 28 août 1752. Cette grande toile n’a été signalée nulle part, et on peut souhaiter que les indi¬ cations si précises du mémoire la fassent retrouver. Une Diane, qui figura dans la vente du Dr Isambert en 1877, et que citent les Concourt dans leur iconographie un peu confuse de la marquise, portait le nom de Mmc de Pompadour; mais on sait quelle autorité ont les désignations des ventes2. Les autres tableaux de Nattier 4.\tCe mémoire a été publié par M. Fernand Engerand, dans son précieux et bien connu répertoire documentaire : Inventaire des tableaux commandés et achetés par la Direction des Bâtiments du Roi (1709-4792). Paris, 4901, p. 383. 2.\tLa planche du recueil de Basan, gravée d’après Nattier par Voyez junior,
