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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/477

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LES TAPISSERIES DE MALTE bizarres et inconnus en France ; nous avons cité la ménagerie de Versailles où étaient nourris, pour la distraction du prince et de la cour, des oiseaux étranges, même des fauves et des carnassiers. Tout cela préparait le succès de la tenture que nous étudions. Aussi n’est-il pas étonnant que, dès son apparition, elle ait tranché sur tout ce qu’on connaissait depuis longtemps, et que sa réputation, répandue dans les pays étrangers, ait inspiré à un riche amateur tel que le grand-maître de Malte Je désir d’en posséder une suite. Les tapisseries destinées à Perellos ne furent pas commencées avant 1701. Le Blond, qui amis son nom.au bas d’une des pièces, ne prit la direction de l’atelier de basse lice qu’en cette année. L’exécu¬ tion dura jusqu’en 1718, assure-t-on, car les dates n’ont pu être pré¬ cisées, les documents faisant défaut. Peut-être existe-t-il dans les archives de La Valette des pièces manuscrites relatives à cette com¬ mande. Nous n’avons pas eu le loisir de consulter ce dépôt, et nous croyons qu’il n’est venu à aucun habitant de Malte l’idée de chercher sur place des renseignements relatifs à cette tenture, dont le gouver¬ nement se montre si lier et pour la conservation de laquelle il n’a • pas reculé devant de gros sacrifices. Le Blond, qui a signé plusieurs des pièces, fut entrepreneur de basse lice de 1701 à 1752. Peut-être sc fit-il aider dans cette entre¬ prise par ses collègues des Gobelins; ceux-ci se nommaient Soucttc et de la Fraye; mais jusqu’ici nous n’avons rencontré qu’une seule signature, celle de Le Blond, au bas des tapisseries représentant Le Tireur cVarc, Le Chasseur au repos, L1 Indien à cheval. Ajoutons toutefois qu’une partie des galons est recouverte par les moulures qui les encadrent, et peut-être découvrira-t-on encore quelque nom de tapissier sur les pièces qui n’ont pas été déplacées jusqu’ici. Deux bordures ont été employées simultanément à l’encadrement des sujets des Indes. La plus commune, celle des tapisseries de Malte, est formée d’une feuille d’acanthe enroulée et se détachant sur un fond bleu. Aux angles s*etalent des feuillages plus larges, de même dessin que les autres. Pour le grand-maître de Malte sont ajoutées dans la bordure supérieure les armes de Perellos, armes reproduites, on l’a vu, sur toutes les tapisseries de l’église comme sur celles du palais. D’après une note relevée sur des documents contemporains, les tapisseries des Indes étaient payées par le roi de France sur le pied de 225 à 240 livres l’aune carrée; mais ce prix s’applique à la haute lice, et la basse lice est toujours évaluée à un chiffre sensiblement XXXII, — 3e l’ÉHlODE.\t63