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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/485

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vu GAZETTE DES BEAUX-ARTS nature morte d’uu métier si parfait, etc. Entre tous ces tableaux, une Étude d*in¬ térieur (appartenant à la Galerie de Berlin) étonne, vu sa date (1840), par la liberté de sa facture, la franchise toute moderne de l’observation et du rendu de la lumière, et le Jardin du prince Albert (1846), le Chemin de fer de Potsdam (1847) montrent non moins victorieusement résolu le problème de la peinture de plein air, tandis que les Obsèques des combattants de mars 48J8 attestent déjà à cette date l’intérêt porté par l’artiste aux spectacles de la vie ambiante. Parmi les aquarelles et gouaches on admire de magistrales études pour le ta¬ bleau du Couronnement du roi Guillaume : le Ministre von Patoio, le Général de Moltke, le Général de Webern, le Comte de Wrangel, etc., puis ces compositions, d’un aspect parfois un peu papillotant, mais d’un métier si achevé : la Causerie, le Prône à InnsbrucJi, Aux eaux de Kissingen, La Synagogue de Prague, La Digestion interrompue, En chemin de fer la nuit, Voltaire s'habillant, l’Adresse de la ville de Berlin au roi Guillaume pour le retour des troupes victorieuses en 1866, Le Mailrc- autel de la Damcnstiftkirche à Munich, surtout cette merveille : Le Maitre-autel de la cathédrale de Salzhourg, des études d’animaux, etc., toutes œuvres d’une fac¬ ture aussi large que précise, et d’une exécution si libre qu'on a peine à les croire issues de ce milieu berlinois jusqu’à ces derniers temps si académique et lourdement gourmé. Une petite salle de dessins (où manquent, malheureu¬ sement, les illustrations pour l’histoire du Grand Frédéric) complète l’ensei¬ gnement : notations de toute sorte, tantôt rapides, tantôt plus achevées, tou¬ jours justes d’observation et vivantes. Whistler, Rodin, Carrière partagent avec Menzel la souveraineté de cette exposition. Une seule toile, pourtant, représente le premier et deux le der¬ nier, mais combien pleines de cette émotion communicative et de cette marque personnelle qui font les chefs-d’œuvre! De quelle suprême distinction dans la conception et l’exécution, de quelle magie d’évocation où le rêve semble avoir autant de part que la réaliLé, de quelle harmonie délicate et rare dans ses tons bleu paon éteint et rose violacé, est la Violoniste du maître américain! De quelle tendresse profonde, lourde dépensée grave et d’humanité, [sl Maternité et 1*Étude de femme du maître français! A ces visions d’élégance et d'amour la riche imagination créatrice d’un Rodin ajoute, en des œuvres singulièrement puissantes et toutes pénétrées des frissons de la vie, une interprétation autre, non moins originale et prenante, du monde des formes et des sentiments. La majeure partie de ses productions est là rassemblée, et jamais réunion plus complète n’en avait été vue à l’étranger. Il y manque, il est vrai, l’ensemble des Bourgeois de Calais, la Porte de l'Enfer et le Balzac (représenté seulement par une petite étude de nu préliminaire et une réduction en bronze de la tête de la statue); mais Y Homme au nez cassé, Ylllusion, la tête de Bellone, les bustes de Rochefort, de J.-P. Laurens, d’Anhmm Proust, de Mmc F..., de Mmc Rodin, des moulages de ceux de Puvis de Chavannes, de Dalou, de Falguière, de Y Age d'airain, du Saint Jean, du Baiser, du Victor Hugo, du Penseur, de YÈve, de quelques-uns des Bourgeois de Calais, du Fils d’Ugolin, de Paolo et Francesca, du Génie du repos, du Saint Georges, etc., et de plusieurs petites études non moins significatives, suffisent à résumer dans ses caractères essentiels et sa variété l’œuvre du maître, et l’on a plaisir à constater combien il est goûté et compris du public allemand.