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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/548

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474 GAZETTE DES BEAUX-ARTS la plantation du décor, la vie débordante des personnages, la qua¬ lité savoureuse du métier et de la couleur pourvoient du plus rare agrément ces tableaux qui sont des scènes de l'existence villageoise, des vues de la plage empourprée aux feux des couchants ou blême sous les clartés lunaires, des bords de rivière égayés d'une amusante figuration endimanchée, enfin de simples paysages, comme celui que M. Lepère intitule L’Anse de la Meule, où la chatoyante nappe d’azur dort enchâssée dans les fauves aspérités des récifs. Le lustre d’une si hère contribution rejaillit sur l’ensemble de l’exposition, et non loin M. Jules Chéret jette l’éblouissante féerie de ses pastels, M. Louis Legrand précise une ressemblance ou narre une Pastorale avec la tranquille certitude d’une science qui s’ignore, durant que l’ima¬ gination de M. René Lalique, source intarissable de jeunesse et de grâce, s’épanche en joyaux riches de signifiance, car le format n’est rien, Victor Hugo l’a dit, EL devant l’art infini, Dont jamais la loi ne change, La miette de Gellini Vaut le bloc de Michel-Ange. Ainsi, en ce Salon dont le terme présage l’aube d’une année nouvelle, les maîtres les mieux assurés de survivre aiment escorter la jeunesse généreuse qui se transmet d’âge en âge les destinées de l’art comme jadis les coureurs espacés sur la route de l’autel se con¬ fiaient l’un à l’autre le flambeau embrasé dans les lampadophories d’Athènes. ROGER MARX