Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/554

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ARMAND CLIARNAY 479 indicatrices peintes sur les rochers, ni les sentiers tracés par Den- necourt, ils pouvaient eux-mêmes errer à la découverte parmi les chênes séculaires des environs de la Marc aux Fées, et les hêtres gigantesques des Ventes à la Reine. Malgré la forte impression que la forêt lui avait faite, Gharnay restait quatre ans sans la revoir. Il revenait assez inopinément à Marlotte, le 9 avril 1871, pour prendre gite dans Tauberge de la mère Antony, en compagnie d’une cinquan¬ taine d’artistes et d’hommes de lettres, exilés, comme lui, de Paris, où une affiche, posée la veille, invitait les communards à fusiller les gardes nationaux qui refuseraient de marcher avec eux contre Ver¬ sailles. Au lieu des huit jours qu’il comptait y passer, Charnay demeurait à Marlotte jusqu’à la fin de mai, et sur les instances du peintre Charles Delort, qui depuis quelque temps déjà s’y était fixé, il se décidait à louer un atelier contigu à celui de son ami. Coupées par de fréquents séjours à Charlieu, les stations à Marlotte devinrent plus longues d’année en année. Le rural qu’il avait toujours été se réveillait en lui, et il goûtait les facilités nouvelles que lui offrait une pareille situation pour continuer avec plus de suite ses études de figures dans le paysage et pour exécuter des tableaux presque entiè¬ rement d’après nature. C’est dans ces conditions qu’un beau jour, en 1872, il lui prenait fantaisie de peindre pour le Salon une scène dont il avait été témoin aux environs de Charlieu : la Leçon déquitation dans la cour dnn château, avec un garçonnet correctement en selle et très attentif aux instructions que lui donne un vieux serviteur, pour la plus grande joie de la famille assemblée. A la veille du terme fixé pour les envois au Salon, Charnay était parti pour Paris, désireux de consulter Bau- dry sur les chances qu’il avait d’être admis. Il trouvait le maître à l’Opéra, en haut de ses échafaudages, retouchant sur place les déco¬ rations du foyer, et c’est le cœur battant, la sueur aux tempes, qu’il avait déballé son tableau. 11 était sorti rassuré par son juge, qui non seulement lui promettait l’admission de son œuvre, mais le succès qui l’attendait. En effet, la Leçon d équitation était exposée en belle place, achetée dès l’ouverture à un prix tout à fait inespéré et presque aussitôt l’auteur recevait des marchands les propositions les plus avantageuses pour l’avenir. Deux séjours successifs faits au bord de la mer en Normandie, à Yport, fournissaient à Charnay les motifs des tableaux qu’il envoyait aux Salons de 1874 et 1875. C’étaient, d’abord, des jeunes dames parées, mais encore un peu minaudières, assistant au départ