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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/88

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L’EXPOSITION CLAUDE MONET C’est une des anecdotes célèbres de l’histoire de l'Impression¬ nisme que ce voyage à Londres effectué vers l’époque des dé¬ buts, en pleine jeunesse d’art, par Claude Monet et Camille Pissarro, leur saisissement devant le prestige exact.et féerique de Turner, l’emprise sur eux de la ville énorme et de son ciel de suie et de nacre, irisé par tant de variations atmosphériques, engrisé par tant de fumées, dont le dais au-dessus des cheminées d’usines et des toits de cottages est sans cesse modifié, éloigné, rapproché, assombri, diapré, — couvercle sombre, halo vaporeux, tendelet lâche et mou¬ vant, — par ce brouillard dense ou clarteux, où sans cesse le vent agite, développe ou rabat des manteaux versicolores de poussière brune ou de soleil rose. Camille Pissarro, quand il revint à Londres, s'y choisit un domaine. Aux rues bigarrées, clignotantes, haletantes, aux groupes populaires sordides et florés,au cours fumeux et sourd des passants, il préféra les parcs de lumière et de repos. Il adopta des heures, d’accord avec son tempérament large et tranquille, non point celles des défilés rythmiques et coquets de ladies qui ressemblent aux portraits célèbres, mais une heure matinale, tiède à la fois et fri¬