Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/198

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C’est la pendule, n’est-ce pas, qui sonne ? Une heure a passé…

Attendons. Ne parlons plus.

Il est venu, il est parti. Et c’est fini. Voilà… Le jour va venir…


XXII


Il n’y a ni choses, ni gens, ni voix, dans le désert du monde.


XXIII


La bayonnette allemande a un tranchant de fine dentelle, pour arracher la chair des ennemis… Combien de coups en faut-il pour achever la mort ?


XXIV


Ce n’est pas possible. Je vais me réveiller. Ces angoisses-là, on ne les a qu’en rêve.


XXV


Jean ! Jean ! Mais entends-moi donc crier ! Je ne suis qu’un cri dressé vers toi. Tout mon corps n’est devenu qu’un cri.

Il monte, il monte. Et je retombe, brisée, pour me dresser encore, pour crier vers ton immobilité.