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Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/237

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Madeleine. — Alors, c’est à l’impossible que nous nous brisons ! Tout est fini ! Notre amour va sombrer !… Nous n’aurons pas cette fusion d’êtres, ces douces noces que j’avais rêvées…

François. — Vous pleurez ! Oh, non, pas cela. Ne pleurez plus. Nous les aurons Madeleine ! Non, il ne faut pas que notre amour sombre ! L’impossible ? Rien n’est impossible que de vous voir souffrir… Nous les aurons. Il y a des unions plus profondes que celles des corps. Ne craignez rien ! Je saurai m’y élever. J’ai appris !

Madeleine. — Que voulez-vous dire, François ?

François. — J’ai appris. Oh ! cela ne vient pas de suite. J’ai appris très lentement. Et vous voyez, je suis encore retombé ! Il me manquait cette suprême leçon ! Quand j’ai commencé de vous aimer, j’étais comme cela, violent et brutal. Il y avait des heures, aussi, où j’étais comme dément. Chez vous, dans votre calme salon, quand je causais en souriant, je nouais mes mains pour ne pas vous saisir. Mais la nuit, je dénouais mes mains… Je vous ai tant tenue, dans ma solitude, que mes bras ont gardé la forme de votre corps, comme un cercueil d’amour… Et puis, j’ai eu honte, devant votre droiture. J’ai retenu les mots dont j’allais vous assaillir. C’est votre confiance qui a fermé