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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/376

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que l’on comprend mieux le sens d’une histoire après plus de dix-huit siècles, que ceux qui en étaient presque contemporains ? Si dans un livre il était permis d’introduire des ellipses que n’exige pas le contexte, de donner aux mots des significations rares et qui ne sont pas prouvées par l’usage du temps où vivait l’écrivain, il n’y a point d’histoire si claire qu’on ne put obscurcir.

5. Tous les rationalistes de nos jours ne vont pas aussi loin, il faut en convenir ; leur impiété n’est pas aussi déhontée ; ces horribles blasphèmes n’ont jamais souillé leurs paroles ni leurs écrits ; mais, à cela près, ils supposent tous que l’Ecriture n’est pas inspirée, qu’elle ne con- tient même aucune révélation ; car ce n’est que d’après ces principes qu’ils peuvent admettre des contradictions, des faussetés et des mythes dans les livres saints, et qu’ils peuvent énerver les prophéties et les mi- racles au point de les expliquer comme des événements purement natu- rels. Au fond, la vérité ne gagne rien à cette modération ; car, outre qu’il est démontré que l’Ecriture est inspirée et qu’elle contient des prophéties réelles, de véritables miracles, la doctrine de ces exégètes plus modérés n’en détruit pas moins l’autorité divine de l’Ecriture, et par conséquent les fondements du christianisme même.

Il est vrai que parmi les théologiens d’Allemagne plusieurs se sont déclarés ouvertement pour la révélation ; nous pourrions citer entre autres Neander, Steudel, Twesten, Hahn, Olshausen, Heubner, Hengs- tenberg, Tholuck, Hævernick ; mais comme ces écrivains sont obligés, en qualité de protestants, d’admettre le principe établi par Luther, que le sens intérieur de chaque homme en particulier peut seul décider de la vérité ou de la fausseté d’une doctrine, tous leurs arguments restent sans force et sans effet contre le rationalisme, qui ne manque jamais de se retrancher derrière ce principe fondamental de la réforme. La seule arme efficace et le seul bouclier impénétrable qu’on puisse opposer aux rationalistes, c’est l’autorité de la Tradition et de l’Eglise, qu’il faut les obliger à reconnaître.


fin du tome premier.