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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/57

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de l’excellence ou de l’autorité.

proposition en particulier. Ces condamnations n’empêchèrent pas Lessius, Hamelius et plusieurs autres pères jésuites de soutenir cette opinion ; et Corneille Lapierre, en particulier, a enseigné depuis que l’inspiration n’a pas été nécessaire aux écrivains sacrés pour écrire les histoires ou les exhortations qu’ils avaient apprises, soit en les voyant, soit en les entendant, soit par la lecture ou la méditation, et que la simple assistance leur avait suffi dans ces circonstances. R. Simon s’est déclaré le défenseur de ces opinions[1]. Pour nous, qui ne les admettons pas toutes indistinctement, nous croyons devoir établir, comme plus probables, les propositions suivantes.


PREMIÈRE PROPOSITION.
La simple assistance n’a suffi aux auteurs sacrés dans aucune partie de leurs ouvrages.

1. Quand les écrivains sacrés et les pères de l’Eglise ont parlé du secours surnaturel qui a aidé les auteurs de l’Ecriture dans la composition de leurs ouvrages, ils ont appliqué ce secours à l’Ecriture en général, sans faire la moindre restriction, sans excepter la plus légère partie. Ainsi, quand Jésus-Christ et les apôtres ont appelé l’Ancien Testament Loi divine, Ecriture divine, oracles de l’Esprit saint ; quand tous les docteurs de la religion chrétienne, en parlant de l’Ancien et du Nouveau Testament, n’ont cessé de répéter que les Ecritures étaient les instruments, les organes du Saint-Esprit, des plumes de l’Esprit divin, des cordes mues par un divin archet, ils n’ont établi aucune distinction, ni entre les différents livres dont se compose le corps sacré des Ecritures, ni dans aucune partie quelconque de ces livres. Enfin, quand saint Paul a déclaré lui-même que toute l’Ecriture est divinement inspirée ; quand la tradition, fidèle interprète des sentiments du grand Apôtre, n’a jamais donné lieu à restreindre l’inspiration à certaines portions plus ou moins considérables de l’Ecriture, il y a, ce nous semble, bien de la hardiesse et de la témérité à vouloir se contenter dans quelques parties de la simple assistance de l’Esprit saint. Cela ne serait permis qu’autant que la simple assistance remplirait les conditions de l’inspiration proprement dite ; car évidemment nous n’avons aucun droit d’admettre une espèce de secours qui ne remplirait point la force et l’énergie des termes employés par les écrivains sacrés, et qui ne répondrait nullement aux sentiments et aux expressions des pères. Or, la simple assistance, sous quelque rapport qu’on l’envisage, est infé-

  1. Hist. crit. du N. T. ch. XXIII, XXIV.