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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/73

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de la canonicité.

2. Selon les livres d’Esdras et de Néhémie, c’est surtout Esdras qui est chargé de tout ce qui concerne la religion ; il montre le zèle le plus ardent, la persévérance la plus admirable pour l’observation de la loi, la restauration du culte et des ordonnances divines. C’est lui qui tient la loi en main, et qui l’explique aux sages ; et dont la profession toute spéciale est d’écrire les paroles, les préceptes de l’Eternel et ses décrets touchant Israël. De là l’épithète de Hassôfêr (חםּכּך), ou le scribe, qui lui est continuellement donnée et qui est devenue comme un surnom pour lui[1]. Or comment un tel homme n’aurait-il pas été l’auteur du Canon, ou du moins n’y aurait-il pas pris la plus grande part ?

3. Le témoignage des Juifs sur ce point a toujours été aussi constant qu’unanime. La tradition des chrétiens réunit les mêmes qualités. Et si le sentiment de quelques docteurs de l’Eglise est exagéré par rapport à Esdras, comme nous le montrerons dans la question suivante, cette exagération ne nuit en rien à la force de la preuve qu’on tire de leur témoignage. Ainsi Esdras est regardé comme l’auteur du Canon des Juifs par saint Irénée, saint Clément d’Alexandrie, Tertullien, saint Basile, saint Chrysostome, Théodoret, saint Jérôme, etc.[2].

À toutes ces preuves, ainsi qu’à celles qui ont été exposées dans la question précédente, on a opposé des difficultés de différents genres ; essayons de les résoudre.

Difficultés touchant lu clôture du Canon des Juifs, et Réponses à ces difficultés.

Obj. 1o Quoique Esdras et Néhémie, disent après Spinosa quelques critiques d’Allemagne, aient travaillé à la confection du Canon des Juifs, ils ne l’ont cependant pas achevé, puisque plusieurs des livres contenus dans ce Canon n’étaient pas encore composés du vivant d’Esdras et de Néhémie.

Rép. Il est vrai que ces critiques prétendent que le livre de Daniel, par exemple, n’a été composé qu’au temps des Machabées, et que ceux des Chroniques et d’Esdras ont été fabriqués dans l’âge des Séleucides. Mais cette prétention ne repose uniquement que sur des hypothèses


    Hinc Thalmudistæ capite primo Babæ bathræ, vaticinia Ezechielis, libram duodecim Prophetarum, Danielis et Estheris libros, a viris synagogæ magnæ scriptos esse definiunt ; quos ab aliis scriptos, ab Esdra collectos suffragio suo synagoga magna firmavit. (Demonstr. evang. Propositio IV. De Can. lib. sacr.Iv.) »

  1. Compar. Esdr. VIII, 10, 11, 12. Neh. viii, 1, 3, etc.
  2. Iræn. Adv. hær. l. II, c. xxi. Cl. Alex. Stromat. l.I Tertull. De habit. mul. c. III. Basil. Epist. ad Chilonem. Chrys. Rom. VIII, in Epist. ad Hebr. Theod. Prœfat. in Psal. Hier. Adv. Helv. Leont. De sectis, act. 2.