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de la canonicité.

cueillit d’abord le Pentateuque, ensuite les prophètes, auxquels on ajouta les livres de Josué, de Samuel et des Rois, parce qu’il n’existait pas encore de troisième classe. Enfin, on fit un troisième recueil de toutes sortes de livres, parce que les deux premiers étaient déjà fermés.

Rep. Une partie de cette troisième objection rentrant dans la première, nous ne répondrons qu’à ce qu’elle présente de particulier. Ainsi, selon Bertholdt et De Wette, les livres sacrés des Juifs ont été partagés en trois classes, parce que c’est à trois époques différentes qu’ils ont été composés ou retrouvés. Mais cette supposition, qui n’est fondée sur aucune preuve, puisqu’il n’y a absolument rien qui puisse démontrer que les Hagiographes, ou livres de la troisième classe, aient été écrits ou trouvés plus tard, que les derniers prophètes, se trouve d’ailleurs en opposition avec la croyance générale des Juifs et des chrétiens. Ainsi une critique impartiale s’oppose à ce qu’on admette l’hypothèse d^ nos adversaires.


QUESTION QUATRIÈME.
En quoi consiste le travail d’Esdras sur les Ecritures ?

Pour nous former une idée exacte du travail d’Esdras sur les Ecritures, il faut d’abord éviter deux écueils qui nous paraissent dangereux ; l’un, de supposer, avec quelques pères de l’Eglise et plusieurs auteurs modernes, que tous les livres sacrés des Juifs ayant péri dans l’incendie de Jérusalem et du temple, Esdras les a dictés de mémoire[1] ; le second, de considérer, avec R. Simon, le travail d’Esdras comme un simple abrégé des Mémoires beaucoup plus détaillés dans les anciens écrits originaux des écrivains sacrés, auxquels il ajouta, diminua et changea ce qu’il jugeait nécessaire, en sa qualité de prophète ou d’écrivain public[2]. Il faut éviter encore de confondre les opinions des pères sur ce point ; s’il en est quelques-uns qui aient réellement prétendu qu’Esdras avait dicté de mémoire tous les livres saints, le plus grand nombre n’a pas adopté ce sentiment[3]. Après ce court exposé, nous croyons pouvoir établir, comme assez certaines, les propositions suivantes :

  1. Ces pères sont cités dans la question précédente.
  2. R. Simon, Hist. crit. du V. T. l. I, c.  I.
  3. Haet, Demonstr. evang. Propositio iv. De Can. libr. sacr. no 4. Voy. surtout Bible de Vence, IIe Dissert. sur Esdras en tête de ce livre ; on y trouve les termes mêmes dans lesquels les pères se sont exprimés et la manière dont on peut les expliquer.