Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/125

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MÉPHISTOPHÉLÈS.

Celle-là ! Elle sort de chez son confesseur, qui l’a absoute de tous ses péchés : je m’étais glissé tout contre sa place. C’est bien innocent ; elle va à confesse pour un rien ; je n’ai aucune prise sur elle.

FAUST.

Elle a pourtant plus de quatorze ans.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vous parlez bien comme Jean le Chanteur, qui convoite toutes les plus belles fleurs, et s’imagine acquérir honneur et faveur sans avoir à les mériter. Mais il n’en est pas toujours ainsi.

FAUST.

Monsieur le magister, laissez-moi en paix ; et je vous le dis bref et bien : si la douce jeune fille ne repose pas ce soir dans mes bras, à minuit nous nous séparons.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Songez à quelque chose de faisable ! il me faudrait quinze jours au moins, seulement pour guetter l’occasion.

FAUST.

Sept heures devant moi, et l’aide du diable me serait inutile pour séduire une petite créature semblable ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vous parlez déjà presque comme un Français ; cependant, je vous prie, ne vous chagrinez pas. À quoi sert-il d’être si pressé de jouir ? Le plaisir est beaucoup moins vif que si, d’avance, et par toute sorte de brimborions, vous vous pétrissiez et pariez par vous-même votre petite poupée, comme on le voit dans maints contes gaulois.

FAUST.

J’ai aussi de l’appétit sans cela.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Maintenant, sans invectives ni railleries, je vous dis