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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/182

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C’est moins qu’un insecte peut-être…
Mais c’est au moins un opéra.


UN PETIT COUPLE[1].


Dans les brouillards et la rosée
Tu t’élances… à petits pas ;
Ta démarche sage et posée
Nous plaît, mais ne s’élève pas.


UN VOYAGEUR CURIEUX.


Une mascarade, sans doute,
En ce jour abuse mes yeux :
Trouverai-je bien sur ma route
Obéron, beau parmi les dieux ?


ORTHODOXE.


Ni griffes ni queue, ah ! c’est drôle !
Ils me sont cependant suspects :
Ces diables-là, sur ma parole,
Ressemblent fort aux dieux des Grecs[2].


ARTISTE DU NORD.


Ébauche, esquisses, ou folie,
Voilà mon travail jusqu’ici !
Pourtant je me prépare aussi
Pour mon voyage d’Italie.


PURISTE.


Ah ! plaignez mon malheur, passants,
Mes espérances sont trompées :
Des sorcières qu’on voit céans,
Il n’en est que deux de poudrées.


JEUNE SORCIÈRE.


Poudre et robes, c’est ce qu’il faut
Aux vieilles qui craignent la vue ;
Pour moi, sur mon bouc je suis nue,
Car mon corps n’a point de défaut.

  1. Peut-être le petit couple s’adresse-t-il à Wieland. Au moins, ce qu’il dit paraît convenir merveilleusement à l’Obéron de ce poëte, imitateur un peu lourd du divin Arioste.
  2. Schiller ayant composé une ode fort belle, où il regrettait, en poëte, la riante mythologie des Grecs, il y eut, à ce propos, grande rumeur parmi les théologiens allemands ; car, prenant l’ode au sérieux, ils se fâchèrent tout de bon, et crièrent à l’impiété. C’est à ce petit poëme, intitulé les Dieux de la Grèce, que Gœthe fait allusion.