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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/242

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LE CHŒUR.

Malheur et désespoir !

PHORKYAS.

Tu tomberas par la hache !

HÉLÈNE.

Horrible ! mais je l’ai pressenti. Malheureuse que je suis !

PHORKYAS.

Cela me semble inévitable.

HÉLÈNE.

Hélas ! et nous, quel sera notre sort ?

PHORKYAS.

Elle meurt d’une noble mort ; mais vous, au balcon élevé de la maison qui supporte le faîte du toit, comme les grives quand on les prend, vous trembloterez à la file. (Hélène et le chœur sont étonnés et effrayés, formant un groupe significatif symétriquement disposé.) Spectres ! vous voilà immobiles comme des figures effrayées de quitter le jour qui ne vous appartient pas. Les hommes, ces spectres qui tous vous ressemblent, ne renoncent pas volontiers à la lumière brillante et sublime du soleil ; mais personne ne prie pour eux et personne ne les sauve de cette foi ; tous ils le savent, mais peu s’y plaisent… Il est certain, vous êtes perdues ! Courage donc, à l’œuvre ! (Frappant dans ses mains ; on voit à la porte apparaître des nains déguisés, qui exécutent avec promptitude les ordres qu’elle a prononcés.) Approche-toi, monstre sombre, rond comme une boule… Roule vers ici, il y a du mal à faire à pleines mains. Faites place à l’autel aux cornes d’or ; déposez la hache éblouissante au-dessus du bord d’argent ; emplissez d’eau les vases, car il y aura à laver la souillure affreuse du sang noir ; étendez ici précieusement le tapis sur la poussière, afin que la victime s’agenouille royalement, et soit enveloppée, à la vérité la tête séparée, mais ensevelie avec décence et dignité.