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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/258

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Mais le temps n’est pas favorable.
Ne sentez-vous pas un sourd tremblement ?
Prêtez l’oreille seulement
Au son aigu de la trompette.
Le malheur n’est pas loin ;
Ménélas, avec des flots de peuple,
Est en marche vers vous !
Préparez-vous à la lutte terrible !…
Entouré de la foule des vainqueurs,
Mutilé comme Déiphobus,
Tu expieras la protection donnée à ces femmes.
Suspendue à un fil léger,
Celle-ci trouvera près de l’autel
La hache fraîchement aiguisée.


FAUST.

Audacieuse interruption ! elle s’annonce à contretemps. Même dans les dangers, je n’aime pas l’impétuosité irréfléchie. Le plus beau des messagers, un message de malheur le rend laid ; et toi, la plus laide des laides, tu aimes à apporter le message le plus affreux. Mais, cette fois-ci, tu ne réussiras pas ; remplis les airs de ton haleine vide. Ici, il n’y a pas de danger, et même le danger ne serait qu’une vaine menace.


Signaux, explosion des tours, trompettes et clairons, musique guerrière, passage de forces militaires formidables.


FAUST.

Bientôt tu verras de nouveau assemblé le cercle inséparable des héros. Celui-là seul est digne de la faveur des femmes, qui sait les protéger par la force. (Aux chefs, qui se séparent des colonnes et qui s’approchent.) Avec cette colère calme et retenue, qui vous assure la victoire, allez, jeunesse au sang pur du Nord, et vous, forces de l’Orient dans sa fleur ! Couvertes d’acier, éblouissantes de rayons, ces armées qui brisèrent empire sur empire, elles avancent, la terre tremble ; elles marchent et le tonnerre suit.

C’est près de Pylos que nous mîmes pied à terre. Le vieux Nestor n’est plus ! et tous les petits liens de royauté, notre troupe sauvage les brise. Sans retard repoussez maintenant de ces murs Ménélas jusqu’à la mer ! Qu’il y