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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/295

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unique et abandonnée, et y demeura, et se tint ferme à sa première condition (Dieu permettant ainsi, à ce qu’il pût poursuivre), et se mit comme auparavant à conjurer le diable de nouveau, afin qu’il se fît voir à lui devant ses yeux, de la façon qui s’ensuit. Il s’apparut à lui, à l’entour du cercle, un griffon, et puis un dragon puant le soufre et soufflant ; en sorte que, quand Fauste faisait les incantations, cette bête grinçait étrangement les dents, et tomba soudain de la longueur de trois ou quatre aunes, qui se mit comme un peloton de feu, tellement que le docteur Fauste eut une horrible frayeur. Nonobstant, il embrassa sa résolution, et pensa encore plus hautement de faire que le diable lui fût assujetti. Comme quand Fauste se vantait, en compagnie un jour, que la plus haute tête qui fût sur la terre lui serait assujettie et obéissante, et ses compagnons étudiants lui répondaient qu’ils ne savaient point de plus haute tête que le pape, ou l’empereur, ou le roi. Lors répondait Fauste : « La tête qui m’est assujettie est encore plus haute, comme elle est décrite en l’épitre de saint Paul aux Éphésiens : « C’est le prince de ce monde sur la terre et dessous le ciel. » Ainsi donc, il conjura cette étoile une fois, deux fois, trois fois, et lors devint une poutre de feu, un homme au-dessus qui se défit ; puis après, ce furent six globes de feu comme des lumignons, et s’en éleva un au-dessus, et puis un autre par-dessous, et ainsi conséquemment, tant qu’il se changea du tout, et qu’il s’en forma une figure d’un homme tout en feu, qui allait et venait tout autour du cercle, par l’espace d’un quart d’heure. Soudain ce diable et esprit se changea sur-le-champ en la forme d’un moine gris, vint avec Fauste en propos, et demanda ce qu’il voulait.


Le nom du diable qui visita Fauste.

Le docteur Fauste demanda au diable comme il s’appelait, quel était son nom. Le diable lui répondit qu’il s’appelait Méphistophélès.