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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/305

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mit le docteur Fauste ; après s’ensuivit, l’espace d’un gros quart d’heure, une grosse nuée ténébreuse, tellement que le docteur Fauste n’eût su voir ni les dragons ni le chariot, ni s’y prendre en tâtonnant ; et, en allant plus avant, il descendit encore plus profondément. Mais, aussitôt que cette grosse nuée ténébreuse et puante fut engloutie, il vit un cheval et un chariot suivant après. Et, après, fut le docteur Fauste remis à l’air, et, au même instant, il entendit plusieurs coups de foudre et éclairs, tellement que cela allait si menu, que le docteur Fauste se tint coi sans dire mot, ayant grande frayeur et tout tremblant. Sur cela, le docteur Fauste vint sur une eau grosse et tempétueuse, où les deux dragons le poussèrent dedans pour y être submergé ; mais il n’y trouvait point d’eau : ains il y trouva une grosse vapeur de chaline ardente, et les vapeurs et les ondes venaient à battre tellement le docteur Fauste, qu’il perdit le cheval et son chariot, et tomba encore de plus en plus au profond et en une impétuosité de haut en bas, tant que finalement il vint à tomber dans l’abîme, qui était fort creux et tout pointu par le dedans des rochers ; c’est pourquoi il se tint là comme s’il eût été mort ; il regardait de tous côtés, et ne vit personne, ni ne put rien entendre. Mais enfin il lui commença à naître une petite lumière ; comme il fut descendu encore plus bas, il vit de l’eau à l’entour de lui. Le docteur Fauste regarda alors ce qu’il devait faire, disant : « Puisque tu es abandonné des esprits infernaux, il faut que tu t’enfonces dans ce gouffre, ou dans cette eau, ou que tu te défasses comment que ce soit. » Alors, il se dépita en soi-même, et se vanta mettre en un courage désespéré, au travers un endroit qu’il vit tout en feu, en disant : « Maintenant, vous, esprits, recevez cette offrande dévouée à votre service, à quoi mon âme est condamnée. » Comme il se fut ainsi jeté à travers par précipitation, il entendit un bruit et tumulte fort effroyable qui faisait ébranler les montagnes et les rochers, et tant plus que lui pensait qu’il se passât, le bruit se faisait encore plus grand ; et, comme il fut venu jusqu’au fondement, il vit